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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Cecil B. DeMille
Les dix Commandements (The ten Commandments - Cecil B. DeMille, 1956)

Une trentaine d’années après sa première adaptation, Cecil B. DeMille nous propose à nouveau ses dix Commandements. Jeanie MacPherson n’est plus (elle est morte dix ans plus tôt), mais à travers le travail de DeMille, l’esprit de son scénario de 1923 reste présent tout au long du film.

Car ici, ce sont les cinquante premières minutes du film de 1923 qui sont développées, en partant des origines du mythe biblique : de la naissance et la dérive sur le Nil de Moïse jusqu’aux portes de la Palestine, près des rives du Jourdain, que Moïse ne traversera jamais.

C’est un spectacle extraordinaire qui nous est proposé, avec le faste et la débauche (c’est le cas de le dire) d’effets plus ou moins spéciaux qu’on lui connaît.

Ce sont 3 heures 40 minutes de spectacle intégral, rythmé par la musique inoubliable du grand Elmer Bernstein, dans des décors qui rappellent ceux de Paul Iribe, mais encore plus gigantesques.

 

Nul besoin de rappeler l’intrigue, qui n’a pas changé depuis plus de 3000 ans, si on accepte que Ramsès II (1304 ? – 1214 ? av. JC) ait réellement été en conflit avec le patriarche. Par contre on peut souligner le soin que porte DeMille à cette histoire, donnant à Moïse (Charlton Heston) une dimension humaine et une vie antérieure à son statut de prophète.
Car DeMille est allé chercher l’histoire de Moïse dans d’autres sources que la Bible : l’historien Flavius Josèphe (34/35 – 100 ?) entre autres, qu’il cite dans l’introduction du film.

En effet, en plus d’être le narrateur du film, DeMille le présente aux spectateurs après la musique d’ouverture : un immense rideau est filmé duquel sort le réalisateur pour nous expliquer ce que nous allons voir.

 

Il y a dans cette présentation un élément supplémentaire par rapport à la narration qui va suivre : DeMille, ce faisant, s’engage quant à l’histoire qu’il va nous montrer. C’est très certainement le film le plus impressionnant de DeMille, et – à mon avis – le plus personnel aussi. En effet, DeMille ne fait pas que nous montrer une belle histoire, il nous montre qu’il y croit fortement. Et c’est aussi cela qui donne une dimension plus importante à ce film. Cette fois-ci, l’épisode biblique n’est pas un support pour illustrer les aspects néfastes de la vie moderne. Non, ici, c’est avant tout une projection de cette vie moderne : pour lui – et beaucoup d’Américains (encore aujourd’hui), les dix Commandements sont toujours d’actualité. La liberté que réclament les Hébreux est celle qu’offre les Etats-Unis d’Amérique (par opposition, bien entendu, aux dictatures socialistes et soviétiques).

 

Quoi qu’il en soit, et malgré les croyances de chacun, on es-t obligé d’admettre que ce film n’est pas anodin ni mineur. Oui, nous, spectateurs soixante ans après, ne sommes pas dupes des effets spéciaux (essentiellement des incrustations), et commençons à être habitués aux images bien léchées du numérique. Mais pour avoir – en plus – vu ce film sur écran géant (pas seulement devant ma télé !), le spectacle est tout bonnement éblouissant : la musique tonitruante, la magie des effets spéciaux, le Technicolor éclatant et la distribution royale font de ce film, qu’on le veuille ou non, un sommet du cinéma.


Et une œuvre du maître avec la même science des mouvements de foule et les mêmes débordements de cette même foule. Certes, les femmes sont beaucoup moins dénudées qu’elles le furent, mais toujours très belles, et, en cherchant bien, on trouve tout de même un sein qui pointe par ci, par là*… La scène du Veau d’Or est toujours aussi orgiaque : les femmes langoureuses aux déhanchements lascifs sont toujours là, les hommes paillards et buveurs aussi, c’est un déferlement de débauche toujours aussi formidable, avec un Aaron (John Carradine) qui se demande bien ce qu’il fait là.

Et sa conclusion rappelle le déchaînement déjà entrevu dans la première adaptation, la colère divine étant impitoyable et terrible.

 

Une immense fresque flamboyante qu’on revoit avec gourmandise, mais, comme toujours avec la gourmandise, il ne faut pas en abuser : une fois tous les dix ans, c’est grandement suffisant.

 

 

 

* Encore une fois, je vous renvoie à Matthieu, 7:7.

 

 

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