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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Terrence Malick, #Guerre
La Ligne rouge (The thin red Line - Terrence Malick, 1999)

Guadalcanal, 1942.

Nous sommes à un tournant de la guerre du Pacifique.

Après les Midway, les soldats américains débarquent à Guadalcanal pour participer à ce qui va être l’une des plus grandes boucheries militaires (1) du Pacifique.

 

Il existe nombre de films traitant de la seconde guerre mondiale dont une partie traite de ce qu’il s’est passé dans le Pacifique. Mais comme nous Français n’avions aucune possession dans cette (large) région, cette partie du conflit nous est un peu passé e au-dessus. Mais ces événements se déroulèrent bien loin de chez nous, ils furent tout de même d’une violence extrême et représentèrent un tournant dans la guerre mondiale.

La Bataille de Guadalcanal qui eut lieu peu après la bataille des Midway est aujourd’hui encore un souvenir pénible pour les Américains qui virent de nombreux soldats mourir sur une surface bien modeste pour le nombre de morts. Pendant près de six mois, les troupes américaines progressèrent lentement sur un territoire défendu jusqu’au bout par une armée japonaise galvanisée par son empereur (2).


De notre côté – Europe occidentale – nous sommes habitués à des films traitant de la guerre en Europe avec la plupart du temps un souffle épique mettant en avant les troupes alliées – et parmi elles quelques bataillons français – décrivant de hauts faits d’armes presque tous à la gloire des vainqueurs. On pense bien sûr aux superproductions des années 1960 : Le Jour le plus long ou Paris brûle-t-il ? Dans ces deux films, outre les exploits ayant mené à la Libération, on retrouve une liste exhaustive de ce qui se faisait le mieux en termes de stars (3).

Ici, Malick à son tour nous propose un film épique dont la distribution n’a pas à rougir de ses prédécesseurs. Les stars employées ne sont pas toutes encore reconnues, mais près de vingt ans après, on a plaisir à les reconnaître : mis à part Nick Nolte et John Savage, peu étaient déjà des vedettes reconnues.

 

Mais à la grande différence de ses aînés, La Ligne rouge reste absolument humain. Si les deux films susnommés traitent parfois de cas isolés – Anthony Perkins, Richard Beymer… - ici, tout reste à une échelle humaine. A aucun moment, nous n’aurons une vision globale de ce qu’il se passe.

Si à un moment un général intervient – John Travolta, magnifique crâne d’œuf d’état-major – c’est avant tout pour justifier ce qui va se passer, sans aucune considération pour les futures victimes. Le colonel (Nick Nolte) – le plus haut grade vraiment actif dans ce film – n’est pas un novice ni toutefois un homme de terraine. C’est sa première guerre ce qui explique certains errements qui seront contredits par le capitaine Staros, soucieux de ses hommes, et que ce même colonel écartera afin de se couvrir : on appelle ça une promotion heureuse.

Car ce colonel est avant tout humain et donc sujet à l’erreur. Il n’est pas meilleurs que les pauvres troufions qui sont là et qui exécutent des ordres dont lui-même n’est pas sûr.

 

Mais ce sont avant tout les soldats qui intéressent Malick, très peu les gradés, ou alors à un niveau peu élevé. La première chose qui frappe dans ce conflit, c’est l’âge des participants : tous sont de jeunes hommes, valeureux malgré eux, mais toujours dans le doute. LE doute amenant la peur, ces hommes sont sans cesse sur le qui-vive, à la merci d’un ennemi invisible. De ce point de vue, on retrouve un des éléments des films sur la guerre du Viet Nam, autre sujet de traumatisme dans l’esprit des Américains.

 

Mallick use avec adresse de monologues intérieurs pour nous faire ressentir les ressentis des différents protagonistes, qu’ils soient simples soldats ou même colonel. Outre la peur on sent un doute qui s’insinue au plus profond d’eux et les fait se poser des questions quant au conflit : le film commence d’ailleurs avec deux d’entre eux qui ont déserté ce conflit que d’aucuns peuvent qualifier d’inutile (1).

 

Et quand le film s’achève, nous assistons à la fermeture ‘une boucle : le film se termine là où il a commencé, laissant la victoire non pas à l’un pou l’autre des camps, mais à la Nature.

En effet, les premières réflexions que nous entendons sont celles de Witt (Jim Caviezel) qui a déserté pour vivre au milieu d’une peuplade de Guadalcanal en harmonie avec la nature : le premier constat qu’il nous livre est que la guerre n’est pas une chose naturelle (4). Sa preuve : les indigènes le considèrent comme une menace, lui qui a quitté son bataillon. Ces autochtones, paradoxalement, ont peur de lui parce qu’il représente la guerre.

Et quand le film se termine, le dernier plan est celui d’un palmier, sur une plage, qui est en train de pousser. Une tige feuillue s’est développée et, semble-t-il continuera longtemps. Longtemps après que les soldats seront partis, après la fin – illusoire – de ce conflit.

 

 

  1. Pléonasme.
  2. Voir à ce sujet Emperor, ou comment le grand responsable de ce carnage fut épargné pour des raisons politiques.
  3. John Wayne, Henry Fonda, Glenn Ford, Sean Connery, etc.
  4. On peut tout de même en douter, si on considère que l’homme fait partie de cette Nature, ce dont je doute de plus en plus.
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