Les Ferrets de la reine
Et c'est reparti.
Cette fois-ci, c'est Richard Lester, avec une distribution de rêve : parmi ce qui se faisait de mieux sur les écrans dans les années 1970s. Imaginez : Michael York (d'Artagnan), Charlton Heston (Richelieu), Faye Dunaway (Milady), Christopher Lee (Rochefort), Raquel Welch (Constance), Oliver Reed (Athos)... Que du beau monde !
Avec une intrigue bien connue : c'et déjà la onzième adaptation du roman d'Alexandre Dumas.
Et, à mon avis, l'une des meilleures, ou du moins des plus fidèles.
Alors que Fred Niblo (Les trois Mousquetaires 1921) ne traitait que la première partie du roman et que George Sidney (Les trois Mousquetaires 1948) survolait la deuxième partie, lester a pris le parti de scinder l'histoire en deux et de présenter cette première partie, consacrée aux célèbres ferrets de la reine.
Gene Kelly avait été un incroyable d'Artagnan, et la tâche de lui succéder était plutôt difficile pour Michael York. Pourtant, il campe un d'Artagnan attachant. Tout d'abord, il a le profil du héros : c'est un paysan mal dégrossi qui débarque à Paris et se bat en duel dès que possible. Mais ce qu'il a et que les deux autres n'avaient pas, c'est la naïveté qui manquait aux autres, surtout Fairbanks (qui était tout de même un tantinet âgé pour le rôle.
Ici aussi, les combats à l'épée sont impressionnants, dans le même esprit que chez Sidney, la chorégraphie de Kelly en moins.
Mais on ne s'ennuie pas, Lester pimentant son histoire de gags visuels irrésistibles.
Quant à l'intrigue, elle respecte plutôt bien l'histoire, d'Artagnan interdisant même de tuer Rochefort ! (c'est d'ailleurs une des erreurs de l'adaptation : ce n'est pas Rochefort qui veut prendre le bateau à Calais, mais de Wardes. Mais passons. La rencontre de Rochefort et d'Artagnan, à ce moment du film, nous amenant un duel d'épée original : en pleine nuit noire, les deux protagonistes armés en plus d'une torche utilise cet accessoire pour déstabiliser l'adversaire ou se protéger. Belle idée.
Vingt-cinq ans ont passé depuis les bonds de Gene Kelly. Les temps ont changé et les mentalités aussi : Constance est - enfin - mariée à Bonacieux (dans les deux précédentes versions susnommées, elle était sa nièce (1921) ou sa filleule (1948). Et alors que Bonacieux (Spike Milligan) était un personnage de troisième ordre (voire encore plus insignifiant), il prend une part plus importante dans l'intrigue (sans toutefois la bouleverser). le choix de Milligan (star de la radio anglaise) a beaucoup fait pour le développement de ce personnage, qui devient grandiose de ridicule : Spike Milligan ne laisse jamais indifférent...
Un mot enfin sur le méchant de l'histoire : Richelieu. Charlton Heston est - enfin - passé du côté obscur et interprète un Richelieu fort acceptable. Il est à la fois obséquieux, roué et calculateur : tout ce qu'on attend de ce personnage. De plus, il est secondé le couple Milady et Rochefort à la fois stylés et mauvais : de vrais méchants de cinéma !
Et quand le film se termine, tout est en place pour une deuxième partie aussi palpitante, mais hélas funeste : du Roi Louis XIII (Jean-Pierre Cassel) à Constance, de Richelieu à Planchet (Roy Kinnear), tous sont réunis dans la scène finale, que Milady traverse, se faisant remarquer par d'Artagnan, rompant ainsi, subrepticement, l'équilibre qui semblait avoir été atteint avec la restitution des ferrets.
A suivre, donc.