Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Cecil B. DeMille
Le Rachat Suprême (The whispering Chorus - Cecil B. DeMille, 1918)

John Tremble (Raymond Hatton) est comptable chez Mr. Clumbley (Tully Marshall). Mais son salaire l’empêche de vivre confortablement avec sa femme Jane (Kathlyn Williams) et sa vieille mère (Edythe Chapman).

Un jour, il succombe à la tentation et détourne de l’argent.

C’est le début d’une descente qui le mènera tout droit à la chaise électrique.

 

C’est un film noir. Très noir.

Le « whispering chorus » dont parle le titre original (1), c’est la petite voix intérieure qui nous conseille plus ou moins bien, et que l’on voit représentée habituellement par un petit démon pour une mauvaise action ou un ange quand elle est bonne : cette conscience bonne ou non qui nous fait souvent choisir la voie de la facilité qui n’est pas toujours le meilleur des choix (2)…

Ici, cette conscience est symbolisée par deux visages en surimpression : celui de Gustav von Seyffertitz (c’est encore lui qui a le mauvais rôle) ou celui de Walter Lynch pour les mauvais encouragements et celui de la douce Edma Mae Cooper pour les choix judicieux (qui ne sont pas toujours suivis, sinon ce serait trop facile).

 

Cecil B. DeMille nous raconte une histoire très sombre où la malhonnêteté ne paie pas. Il y a toujours chez lui un fond de morale qui transparaît dans ses films. Mais, cette fois, ses personnages n’appartiennent pas à la haute bourgeoisie. John et Jane sont des Américains ordinaires, qui joignent les deux bouts comme ils peuvent, s’accordant parfois un extra : ici c’est à Noël que se situe l’histoire. Mais dès les premières séquences, le fond mauvais de John s’installe et va prévaloir presque pendant tout le film. Un intertitre résume très bien cela : « L’enfer est pavé de bonnes intentions. » En effet, John qui devait acheter une robe pour sa femme va jouer (et perdre) l’argent.

L’argent est d’ailleurs le vrai responsable (3) de la déchéance de John. Mais le détournement n’est qu’un début dans cette descente en enfer : toujours conseillé par cette mauvaise conscience intérieure, il décide de disparaître en se faisant passer pour mort.

 

Mais heureusement, Cecil B. DeMille veille et la morale sera sauve. En effet, comme le dit Matthieu (2), le chemin de la facilité qu’ »a choisi John va se révéler beaucoup plus difficile et surtout périlleux. En effet, tout se retourne contre lui, ce qui, en fin de compte est bien mérité.
Mais n’oublions pas que ce film est avant tout américain et qu’il laisse la part belle à la Rédemption. John, malgré ses méfaits – c’est plus sa malhonnêteté que sa méchanceté qui est punie – parviendra à cette Rédemption, sans toutefois sauver sa vie (voir plus haut).

 

DeMille, alors que nous ne sommes « qu’en » 1918 nous propose un film magnifique avec force surimpressions mettant en scène les voix intérieures ainsi que d’autres éléments plus ou moins surnaturels : la prémonition de Maman Tremble qui relit inlassablement le même passage des Evangiles (4) ou encore l’arrivée d’un heureux événement (il y en a quand même), et bien entendu l’âme de John dans la séquence finale.

Avec en prime un magnifique montage parallèle entre d’un côté Jane qui épouse le gouverneur Coggeswell (Elliott Dexter) pendant que John consomme son union (5) avec une jeune Chinoise de Shanghaï.

 

Mais c’est aussi le jeu des acteurs – Raymond Hatton surtout, mais aussi Kathlyn Williams – qui donne à cette histoire édifiante la tonalité » noire voulue par DeMille. Hatton est splendide dans ce rôle d’homme qui ne cesse de se métamorphoser – physiquement autant que moralement – pendant que celle qui fut sa femme est rongée par la culpabilité face à sa belle-mère qui est persuadée que son fils n’est pas mort.

 

Un film magistral, encore une fois.

 

 

(1) Dois-je encore vous dire ce que je pense de sa traduction ? Elle colle tout de même à l’intrigue…

(2) cf. Matthieu 7 : 13-14

(3) cf. Matthieu 6 : 24

(4) cf. Luc 15 : 32

(5) Libre, bien sûr : quand on dévale la pente fatale, c’est complètement !

 

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog