Le Vésuve gronde.
Deux sœurs, issues de deux mariages.
L’une est mauvaise et méchante : la Marquise de Mola (Gail Kane). La sœur noire.
L’autre est bonne et gentille : Angela (Lillian Gish). La sœur blanche.
Premier coup dur : le père (Charles Lane) meurt.
Deuxième coup dur : la Marquise brûle le testament, spoliant ainsi totalement et chassant Angela.
Troisième coup dur : Giovanni Severi (Ronald Colman), le fiancé d’Angela, est envoyé en expédition en Afrique où il trouve la mort.
Il ne reste qu’une solution à Angela : prononcer ses vœux. Elle sera une sœur blanche, de celles qui s’occupent des malades.
Mais le jour où elle entre en religion, Giovanni revient.
Lillian Gish, elle aussi, a quitté Griffith, après dix ans de collaboration. Comme Richard Barthelmess, elle rejoint Henry King pour cette histoire d’amour – malheureuse – entre une nonne et un soldat de retour à la vie.
C’est un rôle – presque – sur mesure pour elle : c’est une jeune femme innocente, qui est dépossédée de tout, même de son amour, et qui, par dépit entre en religion. Mais le retour du fiancé n’altère pas sa foi, et là encore, elle reste une jeune fille pure. Elle est une nonne qui n’en reste pas moins humaine, et donc faillible : elle craint le retour de Giovanni, qui pourrait la détourner de son devoir. Et si cette sœur blanche (le titre original) est une personnification de la douceur et de la bonté, chaque nouvelle rencontre avec sa vraie sœur (la Marquise) rappelle la rancœur due au mauvais traitement que cette dernière fit subir à Angela. Et son visage – angélique, bien sûr – l’espace d’un instant devient dur, à la pensée de ces malheurs passés.
Et si Angela est le personnage central, Giovanni reste la figure la plus forte de l’intrigue. Il est la personnification de ce Christ qu’elle embrasse.
- Alors qu’elle est prostrée, suite à l’annonce de sa disparition, c’est l’image de Giovanni – peinte par un amoureux transi – qui va la ramener vers la réalité et la guérir.
- Le choix d’entrer en religion est justifié par la mémoire de l’homme qu’elle aimait : en devenant nonne, elle lui rend le plus grand hommage.
- Même si c’est devant une croix qu’elle se marie à Dieu, Giovanni reste le véritable récipiendaire de son amour, comme elle le lui expliquera.
- Dernier argument, et non des moindres : Giovanni donne sa vie pour sauver ceux qui vivent au pied du Vésuve en éruption*. La prière finale, bien entendu, lui est adressée.
Et Ronald Colman – au-delà de son apparence de séducteur à la fine moustache, archétype très hollywoodien – est un Giovanni convaincant. Et son sacrifice final, même s’il est magnifique, n’en reste pas moins un suicide arrangé.
Finalement, avec ce film, Lillian Gish tourne une page de sa vie d’actrice, libérée de Griffith, elle entre dans une série de rôle de femmes, délaissant définitivement les jeunes filles naïves. Il ne faut pas non plus oublier que quasiment un mois après la sortie du film, elle eut 30 ans…
N’empêche, même sous un voile, elle est toujours magnifique…
*Et en plus, pour ceux qui aiment chercher la petite bête : Giovanni se rend, lui aussi, dans le désert…
PS : quel titre français ! C’est sûr, « dans les laves du Vésuve », c’est vendeur. Mais tout de même !