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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Guerre, #Edward Dmytryk, #Marlon Brando
Le Bal des maudits (The young Lions - Edward Dmytryk, 1958)

Trois destins dans la deuxième Guerre mondiale.

Tout commence au premier janvier 1938, en Bavière où Christian Diestl (Marlon Brando) prend du bon temps avec Margaret (Barbara Rush), une jeune femme américaine. La guerre pointe, mais Diestl veut croire que la situation s'améliorera. Mais la guerre va éclater et Christian suivra différents chemins, de Paris (au début) à un camp de concentration (à la fin), en passant par l'Afrique, sous les ordres de Rommel.

Dans le même temps, Noah Ackerman (Montgomery Clift) s'engage dans l'US Army. Il rencontre Michael Whiteacre (Dean Martin), qui est bon pour le service, à son grand dam. Après des classes laborieuses et un parcours plus ou moins chaotique, ces trois soldats se rencontreront, sur une route d'Allemagne...

Plus que la guerre elle-même, ce sont les mentalités qui sont les plus importantes dans ce film de Edward Dmytryk. C'est aussi, à travers les parcours de ces trois hommes, l'histoire de l'évolution du conflit : Diestl commence dans une Allemagne au fait de sa gloire, il est superbe et croit encore à ce qu'il fait ; les deux autres commencent tout en bas, alors que les armées alliées subissent encore des revers. Mais à partir de l'Afrique, Diestl perd de sa superbe, comme l'Allemagne nazie, et sa situation va se dégrader en même temps, pendant que les Américains s'élèveront ou du moins essaieront.

Diestl, tout d'abord. C'est un Allemand tout ce qu'il y a de normal. Il ne fait pas de politique, mais comme nombre de ses concitoyens, il pense que l'ascension de Hitler va amener une amélioration. Il s'engage alors dans la Wehrmacht et on le retrouve à Paris avec le grade de Lieutenant. Mais il n'est que soldat. Sa mission parisienne étant policière, il se fait muter au cœur des conflits, en Afrique. Mais c'est avant tout un homme de principe, un homme d'honneur. Quand son supérieur lui demande de liquider les blessés, il ne le fait pas. Alors quand, sur la fin du conflit, il arrive dans un camp de concentration, tout s'écroule : il aurait cautionné tout ça, en servant cette cause. Sa foi dans l'obéissance, qui était vacillante, disparait devant de telles atrocités, commises au nom du même idéal que le sien : la patrie. Marlon Brando est formidable. Il arrive à jouer le rôle d'un Allemand qu'on ne peut pas détester. Bien entendu, un rôle SS ne lui aurait pas convenu : jouer l'ennemi, certes, mais pas un salaud. On est Brando, ou on ne l'est pas.

De l'autre côté du front, Ackerman est avant tout un Juif new yorkais. Ses camarades de chambrée, tout comme son officier supérieur, vont lui faire comprendre qu'il n'est pas de leur monde. Le tout sous les yeux de Whiteacre, impuissant (et aussi un peu lâche). Mais Ackerman tient bon, et s'en sort, se faisant finalement accepter par les autres.

Whiteacre est, quant à lui, un lâche. Il ne s'en cache pas : il ne veut pas aller se battre, et fera jouer ses relations pour éviter le conflit. Il n'est rien qu'un grand égoïste. Mais le temps va le faire réfléchir et l'attitude d'Ackerman l'aidera à changer. Nous sommes dans un film américain, où, comme souvent, la rédemption est une idée forte dans les mentalités et les comportements. Quand Whiteacre décide de rejoindre le front, c'est cette rédemption qu'il veut trouver. Mais y arrivera-t-il ?

Et Dmytryk raconte sa version de la guerre. Tout est là : les classes, le conflit en Afrique, en France, en Allemagne, et même la libération d'un camp de concentration. C'est d'ailleurs un moment fort du film, les soldats écœurés par ce qui s'y passait fustigeant le maire allemand (John  Banner, qui dut fuir le régime nazi en 1938 parce que juif), une véritable ordure qui aurait certainement été capable de dire qu'il ne savait pas ce qui se passait dans le camp.

 

Cette description à peu près complète de la guerre (en Europe) annonce un autre film qui sera tourné vingt ans plus tard par Samuel Fuller : The big red One (1980). Mais alors que Dmytryk liste les éléments de la guerre - avec une portée plutôt pédagogique* -, Fuller, lui, racontera la guerre à partir de ses propres souvenirs dans l'unité qui donne son titre au film.

 

 

* Ce souci d'apprendre aux gens ce qui a pu se passer se traduit par des déclarations de personnages qui, même si ce qui est dit est vrai, sonne un peu faux dans le contexte du film : Françoise (Liliane Montevecchi) a peur de s'afficher avec un Allemand (nous sommes en 1940 ou 41) car ses voisins la frapperont, ou pire, elle sera tondue !

Ces pratiques malgré tout barbares n'ont eu lieu qu'à partir de 1944, quand les Allemands étaient partis !

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