Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Busby Berkeley, #Policier
Je suis un Criminel (They made me a Criminal - Busby Berkeley, 1939)

Johnnie Bradfield (John Garfield) est un jeune boxeur à l’avenir très prometteur, surtout après son dernier match remporté qui le sacre champion du monde.

Malheureusement, dans la nuit qui suit sa victoire, un journaliste est tué par son manager qui profite de l’inconscience de Johnnie – il avait trop bu – pour s’enfuir avec sa fiancée (Ann Sheridan).

Et comme si cela ne suffisait pas, ces deux traîtres trouvent la mort dans un accident de voiture, mettant Johnnie dans l’impossibilité de se disculper : pire, il est considéré comme mort dans cet accident.

Johnnie va alors traverser une grande partie des Etats-Unis et s’installer dans l’Arizona, chez Grand-Ma Rafferty (May Robson) et sa petite fille Peggy (Gloria Dickson) : elles s’occupent de jeunes garçons ex-délinquants qui travaillent pour se racheter.

 

On connaît surtout Busby Berkeley pour ses chorégraphies, dont plusieurs avec la sirène Esther Williams, mais c’est négliger le fait qu’il savait tout simplement faire des films. Et cette intrigue qui mêle la boxe, le crime et la justice, dans un décor de Dépression de l’entre-deux guerre, comme le rappellent les titres des journaux, ainsi que l’errance qui mène Johnnie à la maison Rafferty où il est pris pour un énième vagabond.

Bien sûr la boxe prend une place centrale dans ce film, mais c’est surtout ce grand mensonge qui ronge Johnnie qui nous est montré ici : il doit mentir pour survivre, car s’il est découvert, il risque de finir sa vie en prison à moins que ce ne soit sur la chaise électrique.

 

On retrouve dans ce film le ton qu’avait employé Mervyn LeRoy quand il avait tourné Je suis un évadé (1932), et où Paul Muni était accusé à tort d’un crime qu’il n’avait pas commis. Mais la grande différence ici, c’est que Johnnie ne fait pas de prison puisqu’il est officiellement mort. Mais même si cette mort lui permet de se refaire une autre vie, on ne peut rester insensible à cette injustice qui le frappe. Sans compter sur le vétéran de la police de New York, le détective Monty Phelan (Claude Rains, toujours aussi formidable), qui ne croit pas beaucoup à la mort de Johnnie et va donc le traquer jusque dans les environs de la maison Rafferty. Surtout qu’en plus a lieu des matches de boxe dans lesquels des amateurs viennent se mesurer – contre récompense – contre un champion.

 

Même si Claude Rains a tourné en traînant les pieds, sa performance est toujours impeccable, surtout avec le personnage de Johnnie qu’il est en train de tarabuster afin de le faire sortir de sa retraite. En effet, même si Johnnie change sa posture de combat, Phelan le reconnaît et sait qu’il va se trahir à un moment.

Et encore une fois, même s’il est de la police, il s’installe dans le camp adverse de notre héros, ajoutant à sa liste de rôles un nouveau personnage désagréable…

Encore que…

 

Pourtant, le véritable thème du film, c’est la notion de criminalité. En effet, Johnnie n’est pas un criminel et nous spectateurs le savons. Pourtant il va agir comme tel puisqu’il sait que ses poings peuvent le dénoncer, et surtout qu’ils sont une arme redoutable. Cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête donne raison au titre original plutôt qu’à la traduction réductrice française : Ils ont fait de moi un criminel plutôt que je suis un criminel.

Il est clair que ce sont les circonstances qui l’accusent et comme les seuls qui pourraient le disculper – mais le feraient-ils s’ils étaient encore en vie ? – sont morts, une longue errance solitaire s’annonce, illustrée par un chemin qui évolue sur une carte avec en toile de fond différentes péripéties qui sont, malheureusement, très courantes dans cette Amérique des années 1930s : le voyage sur le toit d’un wagon avant d’y être chassé par un type armé d’une batte de base-ball est un exemple de la situation de nombreuses gens à cette période, et la batte ne servait pas seulement à intimider.

 

Mais étant devenu malgré lui un criminel, il va alors se comporter comme tel : anonymat et prudence sont ses seules armes. Et quand il arrive enfin chez les Rafferty, le destin consent enfin à lui donner un coup de pouce : lentement, progressivement, il va gagner la confiance des deux femmes, son charme ne laissant pas insensible la belle Peggy (1).

Et puis il y a les jeunes garçons qui vont recevoir de Johnnie et dans le même temps beaucoup lui donner. La vie facile du monde des champions n’est plus qu’un souvenir, et Johnnie, grâce à ces garçons va gagner sa rédemption (2), sortant alors transfiguré de toutes ces épreuves, enterrant définitivement sa vie d’avant.

 

  1. Personnellement, je préfère Ann Sheridan, mais Gloria Dickson s’en sort malgré tout très bien.
  2. C’est toujours pareil avec ces Américains…
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog