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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Aventures, #Raoul Walsh, #Douglas Fairbanks, #Anna May Wong
Le Voleur de Bagdad (The Thief of Bagdad - Raoul Walsh, 1924)

Bagdad, au temps des mille et une nuits.

Ahmed (Douglas Fairbanks) est un voleur. Un voleur très habile, un tantinet blasphémateur, très charismatique, mais un voleur tout de même. E pour les voleurs, le châtiment, c’est le fouet.

Jusqu’ici, Ahmed y a échappé. Mais jusqu’à quand ?

Le Calife (Brandon Hurst) marie sa fille, la belle princesse (Julanne Johnston). Les prétendants – de riches princes asiatiques – se pressent pour l’épouser.

Mais c’est un autre prince qui va séduire la princesse : celui des voleurs, Ahmed.

Malheureusement, Ahmed est démasqué et, bien entendu, fouetté.

Mais c’est lui que la princesse aime...

 

Ce n’est absolument pas un conte des mille et une nuits, mais qu’importe. La richesse du décor, des costumes et le rythme nous plongent malgré tout dans un univers arabisant. Fairbanks est, comme d'habitude, formidable : souriant, bondissant… En un seul mot, vivant ! En face de lui, le prince mongol (Sōjin Kamiyama) est un méchant à sa mesure : il a tout de l’archétype de l’extrême oriental de cinéma. Il est fourbe – cela va de soi – et porte ongles longs, une natte et une moustache fine tombante comme tous les « méchants Chinois » (ce sera toujours le cas pour Boris Karloff dans le Masque de Fu Manchu huit ans plus tard).

L’autre personnage maléfique est – une fois n’est pas coutume – une femme : c’est une esclave mongol (c’est plus facile de trahir comme ça) au service particulier de la princesse (Anna May Wong, toujours aussi belle).

Mais plus que l’intrigue, ce qui retient l’attention, ce sont les truquages : Walsh est un digne héritier de Méliès. Les interventions surnaturelles sont tout bonnement bluffantes :

La boule de cristal révèle des images nettes bien insérées ; le tapis volant s’envole naturellement et se déplace avec une véritable magie, laissant même une ombre lors de son passage… Quant à la poudre du trésor elle fait apparaître des soldats aussi nombreux que les grains de sable du désert avec une fluidité qui touche au merveilleux. Alors on peut excuser certains petits raccords approximatifs et le cheval volant aux ailes un peu petites et raides. Mais ce dernier vaut largement le Pégase qu’on trouve dans le Choc des Titans (Desmond Davis, 1981), près de cinquante ans plus tard !

Et en prime une magnifique scène sous-marine époustouflante où  Fairbanks évolue véritablement comme au fond des mers !

Et puis il y a la foule des soldats, dirigés d’une main de maître par celui qui fut l’assistant du maître ès mouvements de foule : David Wark Griffith.

Après les effets spéciaux, ce sont les décors qui retiennent l’attention. Ils sont merveilleux et contribuent à donner à ce faux conte un lustre et une majesté qu’on retrouve à la même époque dans Les Nibelungen de Fritz Lang. Le film de Walsh, sorti un mois quasiment jour pour jour après celui de Lang possède les mêmes caractéristiques : la majesté des lieux et la verticalité. Mais là où Fritz Lan recréait une sombre tragédie, Walsh nous offre une belle comédie, où l’Islam est présent en la personne d’un imam d’allure très christique (Charles Belcher).

Les nombreux plans d’ensemble nous montrent une ville de Bagdad gigantesque, tout en hauteur, avec un déploiement de richesse qui n’est atténué que par le format noir et blanc, avec toutefois des teintes colorées pour la nuit ou certains lieux. Ces teintes sont par ailleurs plus nuancées que dans d’autres films de la même période, la nuit n’étant pas trop bleue, ni les extérieurs trop flamboyants malgré le soleil du désert.

 

Un film qui, plus de quatre-vingt-dix ans après, est toujours aussi magique, et se laisse regarder avec un plaisir toujours renouvelé, même après plusieurs projections.

Osons le mot : un chef-d’œuvre !

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