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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Comédie dramatique, #Mary Pickford, #Jack Pickford, #Alfred E. Green
Par l'Entrée de service (Through the back Door - Alfred E. Green & Jack Pickford - 1921)

Comme l’indique un intertitre, Louise Bodamere (Gertrude Astor) est une femme riche et moderne : si elle élève un (petit) peu sa fille Jeanne (Jeanne Carpenter puis Mary Pickford), elle ne compte pas rester célibataire toute sa vie.

Alors quand Elton Reeves (Wilfred Lucas) lui propose le mariage, elle n’hésite pas longtemps.

Malheureusement pour elle, Elton est jaloux de sa fille et ne veut pas d’elle.

Résignée, Louise confie sa fille à sa nurse (belge), Marie Gaston (Helen Raymond) qui va s’en occuper.

Cinq ans plus tard, Louise revient chercher Jeanne. Marie, qui veut la garder, lui annonce que Jeanne s’est noyée.

Mais la guerre éclate et Marie envoie Jeanne à sa mère pour la protéger du conflit.

Mais Jeanne n’arrive pas à se faire reconnaître.

 

Cette intrigue un tantinet complexe – veuillez m’excuser d’avoir été si long – traite essentiellement de l’amour maternel. Et on y trouve deux niveaux de cet amour : celui qui liait Louise et Jeanne, et celui qui va lier Jeanne et deux enfants belges abandonnés après la mort de leur mère.

Mais ce film est avant tout une comédie (dramatique, certes) et encore une fois, Mary Pickford nous ravit dans ce rôle sur mesure écrit par Gerald C. Duffy et Marion Fairfax. Encore une fois, elle est une petite puis une jeune fille, bien que certains éléments nous montrent qu’elle n’est pas si petite que çà : je pense à la table qui trahit cette petitesse relative.

 

Et malgré le départ un peu scandaleux – abandonner son enfant – Alfred E. Green – encore lui – et Jack Pickford (le frère de) réussissent à nous amuser : par les facéties et autres péripéties qui jonchent la vie de Jeanne, mais aussi (et surtout ?) par des intertitres à l’ironie mordante. En effet, ces cartons ne se cantonnent pas à nous décrire la situation ou rapporter quelques éléments de dialogue, ils se permettent des commentaires plus ou moins impertinents qui vont faire plus que sourire les spectateurs.

On trouve dans cet humour qui n’est pas seulement visuel des prémices de ce qui deviendra dans la décennie suivante la screwball comedy : cette comédie un tantinet absurde basée la plupart du temps sur un comique de mots plutôt que visuel.

 

Et puis il y a Mary Pickford.

Encore une fois, elle est merveilleuse, alliant avec brio ses compétences comiques et émouvantes, elle campe une Jeanne irrésistible. De plus, la superbe photographie de son vieux complice Charles Rosher lui ajoute un côté magique, faisant briller ses yeux, surtout pendant les moments tristes.

Mary nous montre ainsi qu’elle peut jouer avec une grande sensibilité, comme on peut le voir dans les différentes confrontations entre Jeanne et sa mère.

 

Il faut dire, et ce sera ma dernière intervention à propos de l’intrigue, que Louise, croyant sa fille morte, ne la reconnaît pas et cela oblige Jeanne à se retrouver servante chez les Reeves : voilà l’explication de cette « entrée de service » annoncée par le titre.

Ce statut inférieur va aussi amener quelques éléments inattendus dans une telle comédie : une tension qui monte, retardant régulièrement la reconnaissance par Louise de cette fille qu’elle croit morte.

En effet, quand au bout de cinq ans, Louise vient rechercher Jeanne que Marie a envoyée chez des voisins, un élément supplémentaire éloigne la jeune enfant qui était à deux doigts de rencontrer sa mère.

Après ce sera la lettre…

 

Bien sûr, puisque nous sommes dans une comédie, la mère et la fille se retrouveront et nous assisterons à une fin heureuse. Mais c’est justement les différents obstacles que met le destin (avec les scénaristes) à les empêcher de se retrouver qui fait tout le sel de cette intrigue, amenant un suspense croissant (1), entretenu par le jeu tout en nuances de Mary Pickford.

A plusieurs reprises, le cadrage se resserre sur son visage, amenant d’une certaine façon une ellipse : pas besoin de revenir sur un plan d’ensemble, le visage a tout dit.

 

Au final, nous avons une comédie bien ficelée, avec une Mary Pickford au mieux de sa forme, même si on peut regretter qu’elle soit encore dans un rôle d’enfant. Mais son charme et son jeu font rapidement oublier cet élément, et on plonge sans hésiter dans cette comédie aux éléments un petit peu scandaleux (on n’abandonne pas son enfant !).

 

PS : Le personnage de Jeanne, interprété par Mary Pickford va donner quelques idées à Astrid Lidgren quand elle écrira les aventures de Fifi Brindacier (en VO Pippi Långstrump, littéralement «  Pippi Longues-chaussettes »), et notamment la séquence de nettoyage du sol des voisins qu’elle a sali avec ses pieds boueux.

 

PPS : à noter la présence – dans un rôle négatif – du grand Adolphe Menjou

 

(1) Et ce malgré la fin heureuse attendue !

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