Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Robert Mulligan, #Robert Duvall
Du Silence et des ombres (To kill a Mockingbird - Robert Mulligan, 1962)

 

Maycomb, Alabama, début des années 1930 (1932 ?)

C’est l’été pour Scout (Mary Badham) et Jem (Phillip Alford) et leur petit voisin Dill (John Megna), et la maison des Radley, un peu plus loin est leur centre d’intérêt. Il faut dire que le fils de la maison, Arthur, est un personnage intriguant. On dit – enfin surtout cette commère de Stephanie (Alice Ghostley) – qu’il aurait poignardé son père pavec des ciseaux et que s’il n’était pas à l’asile, c’est que ce même père (Richard Hale) refuse d’envoyer un Radley chez les fous.

Et puis il y a Tom Robinson (Brock Peters). C’est un jeune homme noir qui est accusé de viol avec violence sur une jeune femme blanche. Pour le défendre, parce qu’il faut bien que quelqu’un s’en charge, le juge (Paul Fix) désigne Atticus Finch (Gregory Peck), le père de Scout & Jem.

Et le procès arrive…

 

Bien entendu, c’est avant tout un extraordinaire roman, celui de Harper Lee, où elle raconte à moitié son enfance, avec ce voisin qui n’est autre que Truman Capote, et le Sud ségrégationniste. Et là encore, Robert Mulligan et surtout Horton Foot (le scénariste) ont dû faire des choix pour cette adaptation. Même si nous parlons ici avant tout d’un film, on ne peut que reconnaître qu’il s’agit d’une très bonne adaptation de ce roman devenu (rapidement) un classique de la littérature américaine.

Tout comme dans le livre, l’intrigue est racontée à hauteur d’enfant, essentiellement du point de vue de Scout (Jean Louise,en vrai), avec ses excès, bien sûr,mais aussi ses interrogations et ses incompréhensions. Mais à chaque fois, ou presque, Atticus est là pour les rassurer, voire pour rendre la vie un (tout) petit peu plus facile.

 

Non seulement Robert Mulligan a réalisé une belle adaptation, mais les deux enfants – dont c’est la première apparition – jouent avec la justesse qu’il faut, animant ces deux personnages de papier avec beaucoup de brio. Là encore, nous avons véritablement un film d’enfants, comme chez Spielberg, ou Yves Robert (La Guerre des boutons). Des enfants libres, mais qui ont tout de même une ligne de conduite inspirée et surtout dirigée par Atticus, père veuf dont la femme est partie beaucoup trop tôt.

Mais surtout Mulligan décrit avec beaucoup de justesse cet état (& Etat) ségrégationniste, où les Blancs restent entre Blancs et les noirs entre Noirs, mais hors de la ville (1).

Les charges retenues contre Tom Robinson sont encore une fois celles de viol (et violence) d’un Noir sur une Blanche. C’est souvent le cas dans ce genre de film judiciaire qui traite de cela. Et cette fois-ci, Tom Robinson a la chance d’avoir un procès : dans They won’t forget (Mervyn LeRoy, 1937), Tump Redwine n’aura pas cette même chance.

Ce procès est une autre occasion de voir un élément de cette ségrégation sudiste : les Blancs sont tous dans le prétoire alors que les Noirs sont remisés en haut. Et de la même façon, ils sont les derniers à sortir. Certes, ils attendent qu’Atticus s’en aillent, mais cela permet d’éviter le mélange.

 

Si les enfants sont le centre de ce film, Gregory Peck exécute ici une de ses plus belles performances, incarnant l’un des personnages les plus humains du cinéma. Et d’une certaine façon, il y a une dimension christique chez cet homme : comme Jésus, en défendant Tom, il prend le péché de la petite ville, et c’est Maudie (Rosemary Murphy) qui l’exprime le mieux, devant la déception de Jem.

De plus, il est la véritable lumière qui luit dans les ténèbres (arriérées) ce cette petite ville du Sud, foncièrement raciste. Et Mulligan ne s’y trompe pas en le filmant dans la lumière alors que les partisans de la loi de Lynch viennent régler son sort à Tom Robinson : tous ces excités viennent des ténèbres et y retournent, quand ils ont compris l’inanité de leur démarche.

Il y a même tellement d’humanité chez Atticus que même ses enfants sont à peine gourmandés par lui : Calpurnia, bien que seulement domestique, exerce une autorité plus forte et plus physique sur les deux enfants. Alors oui, Les deux petit Finch sortent en cachette le soir, et font des bêtises. Mais ce n’est jamais dans de grandes proportions. Voire, leur sortie nocturne peut avoir de bons côtés…

Sauf quand il s’agit d’aller épier chez les Radley !

 

Bref, il s’agit – et pas seulement à mon avis – d’un film indispensable, dirigé avec beaucoup de talent et une interprétation à la hauteur de l’enjeu : n’oublions pas qu’en 1962, le combat pour les Droits Civiques prend de plus en plus d’importance (le pasteur King n’exprimera son rêve que l’année suivante) et qu’il faudra attendre encore deux ans avant que le Civil Rights Act soit (enfin) promulgué (2 juillet 1964).

Et la plaidoirie d’Atticus est un très grand moment de cinéma, et bien sûr d’émotion.

 

PS : on notera l’apparition d’un jeune acteur (il a alors 32 ans) dans un rôle muet mais décisif : Robert Duvall. Sa rencontre avec Scout conclut avec beaucoup de bonheur ce film, et justifie à elle seule le titre original. (2)

 

  1. Atticus doit prendre sa voiture pour aller voir la femme de Tom, ou raccompagner Calpurnia (Estelle Evans).
  2. Passons sur le

 

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog