Les Kinamon sont une famille unie : le père (Edmund Gurney), métayer s’occupe du bétail, pendant que son fils Allan (Warner Richmond) est agent du gouvernement : il doit convoyer le courrier. Tous les deux sont mariés, et en plus, Allan attend un heureux événement.
Dans cette famille vit aussi le frère d’Allan, David (Richard Barthelmess).
Leurs voisins sont les Hatburn. Le père (Walter P. Lewis) vit avec sa fille Esther (Gladys Hulette, adorable). Elle est du même âge que David. Elle est belle. Bref, ils sont amoureux.
Mais le cousin Hatburn (Forrest Robinson) débarque avec ses deux fils abrutis, dont le redoutable Luke (Ernest Torrence) : ce sont des criminels évadés qui vont s’installer chez leurs « cousins » et faire régner la terreur et le mal.
Une fois son contrat chez Griffith terminé – dont deux magnifiques chefs-d’œuvre (Le Lys brisé et A travers l’Orage) – Richard Barthelmess rejoint Henry King pour quelques films et diverses productions. Ici, c’est un rôle sur mesure pour ce « beau gosse » de Hollywood : un jeune homme d’honneur courageux.
Et Henry King signe ici l’un des premiers films sur l’adolescence. En effet, David est l’archétype de l’adolescent : il voudrait être considéré comme un grand, mais a encore des réflexes et des occupations de petit. De plus il possède un caractère entier et manichéen, englobant Esther et son père dans le même sac que leurs terribles cousins. La séquence du bal est un autre élément de cette adolescence : sa jalousie quand Esther danse avec un autre homme et leurs retrouvailles parachevant cette description de cet âge entre deux autres où les enfants ne le sont plus, mais tout de même pas encore assez grands pour être considérés comme tels.
C’est un jeune homme bourré de qualités : il tire juste, il pêche les truites comme pas deux... Mais c’est là que le bât blesse : il est JEUNE. Et même trop jeune. Il aimerait remplacer son frère dans son travail, mais non. On ne le juge pas assez mature : c’est le « petit garçon à sa maman ».
Même avec Esther, il passe pour un jeunot. Pourtant il essaie de passer pour plus âgé : il fume la pipe – déclenchant l’hilarité de cette même Esther – et essaie de profiter des réjouissances liées à la naissance de son neveu (cigare et gnôle), mais rien n’y fait. « T’es trop p’tit, mon ami », semblent-ils tous lui dire.
Pourtant, la venue des hors-la-loi Hatburn va le faire grandir à toute vitesse : la mutilation de son frère et la mort du père le forcent à se responsabiliser : « tu es le seul homme qu’il nous reste maintenant », lui dit sa mère, se traînant à ses pieds.
Et David, pour une fois appelé « homme » va tenir son rang et devenir le nouveau soutien financier de la famille.
Il faut dire que les trois méchants Hatburn sont très réussis : entre le grand-père, patriarche incontesté et ses deux fils, il n’y en a pas un pour rattraper les autres. La palme revenant à l’immense Ernest Torrence – formidable méchant de la période muette – qui n’est pas encore le cow-boy bourru de James Cruz (La Caravane vers l’Ouest) ou le père de Buster Keaton (Cadet d’Eau douce), mais un superbe méchant au sourire menaçant malgré sa dent manquante.
Et comme dans A travers l’Orage, David – tiens, c’est le même prénom pour les deux personnages – va jusqu’au bout de son courage, livrant le courrier et débarrassant la région des infâmes Hatburn, se qualifiant lui-même d’acceptable, d’où le titre original.
Le 17 janvier 1927, les spectateurs américains peuvent aller voir le dernier Harold Lloyd : The kid Brother. C’est un hommage au film d’Henry King.
Mais ceci est une autre histoire…