Flynn (Jeff « the Dude » Bridges) est un programmeur génial. Sauf qu’il a rencontré plus fort que lui. Et son jeu a été piraté le plus légalement du monde par Ed Dillinger (David Warner), un piètre programmeur certes, mais un magnifique escroc.
Flynn décide de retrouver son programme pour en récupérer la paternité.
Mais MCP (Master Control Program) veille.
Et envoie Flynn dans un monde virtuel.
Ce fut, à sa sortie, un véritable événement. On pénétrait (enfin) dans l’univers virtuel des jeux vidéo. Beaucoup furent déçu car ils ne se retrouvaient pas dans les jeux qu’ils connaissaient. Mais trente-cinq ans plus tard, ce film conserve tout de même de sa force initiale. La séquence avec les motos est toujours aussi trépidante. Bref, même maintenant, on s’amuse autant qu’autrefois, même si on y croit moins. [Et je ne parle pas des magnifiques lunettes que portent les personnages…]
Oui, on voit que tout a été tourné en incrustation. Mais, comment faire autrement ? Quoi qu’il en soit, ce procédé est utilisé avec brio et les aventures de Flynn, humain parmi les programmes sont toujours palpitantes. La différence entre la réalité et ce monde virtuel se fait aussi par une utilisation de noir et blanc teinté, comme aux grands jours du cinéma muet, où un filtre de couleur indiquait un moment de la journée. Ici, ce sont bien des personnes en noir et blanc qui réagissent (et donc sont teintées) en fonction du lieu ou de l’action.
Le graphisme, innovateur pour l’époque, a certes vieilli, et on imagine mal de telles choses de nos jours, mais quand même : les séquences ont une magie qui opère encore. Et puis retrouver Jeff Bridges dans un rôle aussi étonnant est un plaisir. Surtout qu’il a en face de lui David Warner – qu’on connaît surtout pour son rôle de Lovejoy dans Titanic – qui est lui aussi un archétype : celui du méchant au cinéma. Il faut dire qu’il a la carrure pour, alors ça aide. Et en plus, il porte le même patronyme que l’un des pires gangsters que l’Amérique ait connu (coïncidence ? Ca m’étonnerait).
Alors on suit – encore – les péripéties de Flynn et son ami Tron (Bruce Boxleitner), aidés de la belle Yori (Cindy Morgan) contre une entité mégalomane, qui a, fort heureusement un talon d’Achille.
La grande force de ce film, c’est le graphisme. Et ce graphisme géométrique trouve aussi sa force dans son utilisation dans la vie réelle, quand on suit un hélicoptère qui s’en va déposer Dillinger au travail. La frontière entre les réalités virtuelles et authentiques n’en est que plus ténue et nous permet de croire à cette intrigue fort improbable.
Mais qu’importe. Le charme agit toujours et maintenant que les spectateurs comme moi ont vieilli, ils se concentrent sur autre chose : ce qu’ils ne pouvaient voir lors de son passage en salle, noyés qu’ils étaient par cette profusion d’images virtuelles et de courses-poursuites frénétiques.
Aujourd’hui, on s’amuse d’entendre les mélodies des jeux qui avaient cours à cette époque (Pacman, Space Invaders…) et on jubile quand on voit, sur le plan du réseau dans lequel est prisonnier Flynn, une petite boule jaune à la bouche qui ne cesse de s’ouvrir.
Oui, c’est bien Pacman (encore lui), star incontestée des jeux vidéos des années 1980.
Tout de même : que fait-il sur ce plan ?
Près de trente ans après (en 2010), les studios Disney ont repris le concept et lui ont donné une suite.
Mais ceci est une autre histoire…