Déroutant.
C’est le mot qui me vient à l’esprit en pensant au film de Kevin Smith.
Alors qu’on a classé ce film dans le genre horreur, j’ai du mal à m’y faire. Tout d’abord parce qu’il n’y a aucune hémoglobine et surtout parce qu’on est dans une intrigue fort particulière.
« Tusk », ça veut dire défense, à propos d’un morse. Et ça tombe bien, parce que le morse est l’élément central du film.
En effet, Wallace Bryton (Justin Long) anime une radio sur internet avec son complice Teddy Craft (Haley Joel Osment, qui a beaucoup changé depuis A.I.). Ensemble, ils commentent les différentes vidéo de youtube, essentiellement celles qui ont un côté sensationnel voire spectaculaire. Alors qu’il se rend à Winnipeg pour rencontrer un de ces vidéastes, il découvre que ce dernier est mort et tombe sur une annonce étonnante : un homme qui a des anecdotes à revendre. Wallace saute sur l’occasion et va rencontrer ce Howard Howe comme il se fait appeler. Mais ce dernier n’est pas ce qu’il prétend, et rapidement le voyage de Wallace tourne au cauchemar, pendant que la petite amie de Wallace et Teddy le recherche.
Ils rencontrent alors un policier particulier : Guy Lapointe (1).
C’est donc un bien curieux film que nous propose Kevin Smith, oscillant sans cesse entre le sensationnel et l’humour, ce dernier tout de même moins important.
Bien sûr, on ne croit pas une seconde à cette histoire improbable, si ce n’est l’enthousiasme des différents interprètes qui croient à ce qu’ils font. Justin Long possède une magnifique moustache qui sera moquée par deux employées d’une quelconque station-service (2).
Mais c’est peut-être cette accumulation d’improbabilités qui nuit au film : à force de trop en faire, on a tendance à détourner l’attention du spectateur.
Pourtant, on a Michael Parks dans le rôle principal : c’est lui qui tient les rênes de l’intrigue et emmène son invité (Wallace) dans une histoire absolument incroyable, émaillée d’éléments littéraires et historiques qui endorment ce même Wallace.
Et bien sûr, il y a la justification du titre : Tusk.
Mais cette explication a beau plus ou moins tenir la route, on ne peut pas prendre au sérieux un seul instant cette histoire absolument absurde. ON a l’impression d’être constamment baladé tout le long de cette histoire et si les numéros d’acteurs (Long, Parks et Lapointe) sont à la hauteur, on a du mal avec les autres personnages. Surtout le couple improbable (encore une fois) Ally Leon (Génesis Rodríguez) et Teddy Craft qui profite de l’absence de Wallace.
Quant aux différentes séquences avec le morse, on ne sait si on doit prendre ceci au sérieux ou éclater de rire devant un tel spectacle.
Je le répète : les différents interprètes jouent avec conviction. Mais l’intrigue est trop foutraque pour vraiment être prise au sérieux et emporter complètement l’approbation du public.
Dommage.
Quoi qu’il en soit, je préférerai toujours le morse qui fait : « goo goo g’joob ».
- Ce dernier n’a pas d’autre nom d’interprète au générique, mais si on sait qu’une certaine Lily-Rose Depp apparaît, on peut facilement en déduire que ce mystérieux Guy Lapointe est son père…
- Aux côtés de Lily-Rose, on découvre Harley Quinn Smith, elle aussi une « fille de » : celle du réalisateur et scénariste Kevin.