Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Guerre, #Comédie, #Lewis Milestone
Two Arabian Knights (Lewis Milestone, 1927)

Les deux chevaliers arabes dont parle le titre sont en fait deux soldats américains, engagés dans une aventure on ne peut plus picaresque qui démarre sur le front occidental pendant la première Guerre Mondiale et se termine au pays des Mille et une Nuits, après un long périple mâtiné d’affrontements divers.

En outre, le titre joue avec l’homophonie knight/night, le premier désignant donc un chevalier et l’autre la nuit.

 

Nous sommes en 1918, et le soldat W. Dangerfield Phelps III (William Boyd) se retrouve dans le même trou d’obus que le sergent Peter O’Gaffney (Louis Wolheim), qui fut son instructeur – et donc un tantinet tourmenteur – pendant ses classes (1).

Alors qu’ils se battent pour les raisons précédentes, ils sont faits tisonniers par les Allemands et envoyés dans un camp loin au nord de l’Allemagne.

Ayant fait la paix, ils s’évadent et se retrouvent dans un contingent de soldats qu’on envoie à Constantinople.

Encore une fois, ils s’évadent et se retrouvent finalement en Arabie, après avoir toutefois sauvé une jeune princesse, la belle Mirza (Mary Astor).

 

IL s’agit ici de l’un des premiers longs métrages que Lewis Milestone a tourné, jonglant avec bonheur avec plusieurs genres : le film de guerre, l’exotisme et la comédie.

Le film de guerre en partant du conflit qui s’était terminé moins de dix auparavant, et qui montre, chose rare, des soldats dans un camp de prisonniers.

L’exotisme en déplaçant l’intrigue de France jusqu’au Nord de l’Allemagne, puis aux alentours de Constantinople avant de se terminer dans un quelconque émirat d’Arabie.

Mais malgré le sérieux de l’intrigue, c’est tout de même la comédie qui l’emporte, l’association du beau William Boyd aux yeux bleus et de Louis Wolheim au physique de boxeur est des mieux assortis, l’un étant le négatif de l’autre : Phelps est beau et subtile pendant que O’Gaffney est laid et brutal, ce qui est encore une fois un tantinet comique (1).

 

Bien sûr, cette histoire est improbable, mais on ne peut ignorer le talent de Milestone à travers ce film. L’arrestation des deux pugilistes dans un trou entouré de baïonnettes en plongée est d’un très bel effet, surtout que Milestone en profite pour ajouter un contrechamp en contre-plongée encore plus beau avec une fusée éclairante qui éclate juste à ce moment-là.

On va d’ailleurs trouver quelques autres alternances champ-contrechamp pendant les voyages de nos deux gaillards, dont celle qui les fait embarquer malgré eux dans le bateau qui les éloigne de Constantinople.

 

Bien sûr, ce duo est encore une fois magnifique. On y retrouve un peu de celui de What Price glory de Walsh, surtout quand apparaît la belle princesse voilée. La concurrence que se livrent les deux hommes pour attirer les faveurs de Mirza (2) illustre très bien l’adage célèbre : en amour comme à la guerre, tous les coups sont permis : n’oublions pas que cette course aux faveurs a pour cadre un monde en guerre, même si l’émirat n’a aucune part dans ce conflit.

Si William Boyd est un jeune homme séduisant et astucieux, c’est tout de même Louis Wolheim qui attire une grande part de la sympathie des spectateurs, son physique ingrat est contrebalancé par des regards qui prêtent à rire, surtout quand Phelps explique à O’Gaffney ce qu’est un eunuque.

Quant à Mary Astor, elle est belle – mais ça, c’est normal – et son rôle porte un élément comique qui rend les situations savoureuses mais à retardement. Mais le duo improbable a tendance à la reléguer au second plan, Wolheim prenant tout de même beaucoup de place quand il apparaît.

 

Comme le dit mon ami le professeur Allen John, on a longtemps eu peu accès aux films muets de Lewis Milestone – il faut dire aussi que son A l’Ouest… a longtemps éclipsé ses autres productions.

Alors n’hésitez pas et ruez-vous sur ce film où la guerre est avant tout un prétexte pour mettre en scène une belle comédie où s’épanouit un duo épatant, avec tout de même ma préférence pour Wolheim, acteur aujourd’hui oublié bien qu’il jouait dans A l’Ouest...

 

 

PS : Parmi les seconds (voire troisièmes ou quatrièmes) rôles, un certain Boris Karloff en marin louche...

  1. Lewis Milestone reprendra le thème du sergent instructeur sadique dans la première partie de A l’Ouest, rien de nouveau, le sergent Himmelstoss (John Wray) recevant son juste dû des soldats qu’il tourmenta.
  2. Chose étonnante – si on se base sur son physique – c’était un homme très intelligent mais qui s’était cassé le nez (et le reste) en pratiquant le football à l’université. Et même, avant de faire du cinéma, il enseignait les mathématiques…
  3. Ce n’a pas toujours été un nom de chien…

 

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog