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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Chronique, #Vittorio de Sica
Umberto D. (Vittorio de Sica, 1952)

« La vieillesse est un naufrage » ?

Non. Pas chez Vittorio de Sica. Et le quotidien du signor Ferrari (Umberto de Ferrari) n’en est pas un, même si le quotidien n’est plus le même que quand il était en activité, brave fonctionnaire du gouvernement italien.

Le vieil homme (Carol Battisti) est retraité de la fonction publique, dans l’Italie d’après guerre, qui n’a en rien anticipé le grand changement qu’est la démocratie. Les retraités ne sont pas pris en compte et doivent se débrouiller par eux-mêmes. Alors quand on aune grande famille, ça peut être facile, mais quand, comme Umberto, on se retrouve seul, la vie est très difficile ; Et une fois qu’on a vendu ce qui avait (encore) une valeur, cela devient impossible.

 

Vittorio de Sica a dédié ce film à son père : normal : non seulement son personnage a le même prénom, mais surtout, il se retrouve dans une situation des moins enviables.

Abandonné de tous, Umberto (D. et de Sica) doit se débrouiller pour survivre, avec cette société qui continue malgré tout et en plus, Umberto a un but dans cette vie : celui qu’il défend quand tout semble perdu (1). Mais, et c’est là où réside l’art du grand Vittorio, nous allons vivre ces différents niveaux de déchéance qui vont amener le vieil homme a se défaire (presque) de tout.

 

Il est évident que Ferrari était un homme sinon influent, du moins compétent dans son domaine puisque ceux qui l’ont côtoyé et qu’il rencontre « à l’occasion » (2) se réjouissent de le revoir. Mais nous savons tous que les problèmes des autres doivent rester ceux des autres, et quand Umberto mentionne (discrètement) sa situation on ne peut plus précaire, c’est au moment où  son ex-collègue s’en va, attrapant un bus qu’il a déjà laissé filer. Bus on ne peut plus opportuniste !

 

Et là où réside l’art de Vittorio de Sica – n’en déplaise à mon ami (et adversaire, en quelque sorte) du cinéma italien, le professeur Allen John – c’est dans le traitement de la vie (très) humble d’Umberto. Il vit, certes, mais est déjà une figure du passé, comme la plupart des gens de sa génération dans cette Italie qui se modernise et n’a pas les moyens d’entretenir ses «  vieux ». Certes, ils on travaillé toute leur vie, mais ils ne profitent pas d’un quelconque pécule (bien loin d’un éventuel magot qu’on peut trouver chez d’autres. Je ne cite personne J). Mais ils font – un tantinet – partie du paysage. Et malheureusement, l’argent est le nerf de la guerre et surtout celui qui fait avancer les propriétaires. C’est le cas de Antonia Bellini (Lina Gennari), la logeuse, qui n’attend même pas le départ de son locataire pour commencer les travaux de « modernisation » de son logement : Umberto se retrouve avec un magnifique trou qui donne chez sa voisine !

 

Bien sûr, le film de Vittorio va faire mouche : comment une société «  civilisée » peut-elle passer à côté de ceux qui ont contribué à l’établir ? Nous sommes dans la lignée de l’incontournable Voleur de Bicyclette, mais au stade final : quand il n’y a plus de moyen de subsister parce qu’on a dépassé l’âge légal. Et si de Sica dédie ce film à son père, ce n’est pas seulement parce que son héros partage le même prénom : nous sommes dans le ressentir : Umberto De Sica a passé l’âge et sa vie ne doit pas être des plus mirobolantes.

Mais malgré tout, Umberto peut compter sur deux personnes – jusqu’à un certain point : Maria (la belle Maria Pia Casilio) et Flike, son (bâtard de) chien. Tous les deux vont lui permettre de (sur)vivre dans cette société qui ne sait que faire de ses vieux.

Elle parce qu’elle a aussi une raison d’être ostracisée.

Lui, parce qu’il est un chien. Et c’est lui le grand gagnant de cette histoire !

 

  1. Voyez-le si ce n’est déjà fait : ne comptez pas sur moi pour tout vous dire !
  2. Ce ne sont pas de véritables occasions, puisqu’il sait exactement où les trouver…
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