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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Surréalisme, #Luis Buñuel, #Salvador Dali
Un Chien andalou (Luis Buñuel, 1929)

« Il était une fois... »

Un homme (Luis Buñuel) regarde la lune : elle est traversé par un fin nuage.

L'homme coupe l'œil de la jeune femme (Simone Mareuil) avec un rasoir qu'il a préalablement affuté.

Une substance gélatineuse, visqueuse et translucide s'échappe de l'œil.


La séquence d'ouverture du film est très choquante. Il est clair que les auteurs (Luis Buñuel et Salvador Dali) voulaient interpeller le spectateur. C'est réussi. Cette vision persiste une fois le film terminé. Il s'agit de l'une des ouvertures les plus célèbres du cinéma. C'est aussi la première des deux collaborations de Buñuel et Dali, qui firent leurs études ensemble (avec Federico Garcia-Lorca). Mais il s'agit avant tout du premier film estampillé surréaliste.

Puisque le surréalisme puise - entre autre - son inspiration dans le rêve, Dali et Buñuel nous offrent un rêve, où l'amour et la mort se côtoient. Et aucun chien, d'Andalousie ou d'ailleurs...

Il est difficile de raconter le « scénario de Louis Bunuel et Salvador Dali » (comme l'annonce le générique) : il n'y a pas à proprement parler d'intrigue. Ce sont des scènes qui s'enchaînent avec plus ou moins de lien, entrecoupées de cinq intertitres ajoutant de la confusion : « Il était une fois » ; « Huit ans après. » ; « Vers trois heures du matin... » ; « seize ans avant. » ; « au printemps. »

Mais ces intertitres ne veulent rien dire. Ce sont de fausses transitions. « Seize ans avant. », par exemple, est intercalé dans une scène qui se poursuit une fois le carton disparu.

Mais dans ce fatras d'image, on entraperçoit les thèmes qui fleuriront dans les film de Buñuel :

- L'amour : la relation tumultueuse entre cette femme et l'homme (Pierre Batcheff), avec illustration des désirs charnels de l'homme ;

- La mort : un homme meurt dans un coin de  campagne, il est emmené par d'autres promeneurs, cortège funèbre d'un inconnu ;

- Les ecclésiastiques : ils sont attachés à la corde qui tire les pianos, ce sont tout d'abord Salvador Dali et Jaume Miravitlles, puis Dali est remplacé par Marval.

Les transitions d'une image à l'autre se font par l'utilisation de fondus ou de surimpression, voire des retouches d'images (le visage de l'homme sans bouche) ou des incrustations (des poils sur cette même bouche).

Et puis aussi les fourmis de Dali qui agrémentèrent nombre de ses tableaux, qu'on retrouve ici sortant de la main trouée de l'homme.

Il s'agit d'un film très dérangeant. Ce sont des images brutes, sans aucun recul. On prend ce film comme un coup de poing dans la figure et on reste subjugué, se demandant comment cela va finir.

Parce que - bien entendu - ça se finit. Bien ou mal, c'est une question de point de vue, mais certainement pas celui des auteurs. Il ne faut chercher aucune signification, seulement regarder et apprécier (ou non).

Pas étonnant que ce film ait été interdit pendant cinquante ans.

 

C'est une suite d'images choc de seize minutes.

Pas une de plus.

Heureusement.

 

 

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