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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Policier, #Gangsters, #Yves Boisset
Un Condé (Yves Boisset, 1970)

« Vous savez qui je suis ?

- Un condé.

- Oui.

- Vous vous ressemblez tous. »

Ce condé, c’est Michel Bouquet, l’inspecteur Favenin. La tenue sombre, gants noirs et nouvelle coupe de cheveux. Mais il n’est pas le seul. Il y a aussi son ami l’inspecteur Barnero (Bernard Fresson). Et ce dernier vient d’être abattu par Villetti (Michel Constantin), qui venait juste de supprimer le truand Tavernier (Francis Cosne), dit « le Mandarin ».

Alors Favenin n’a qu’une idée : venger la mort de son collègue et ami. Et pour cela, il ira jusqu’au bout. Et même au-delà.

 

Décidément, Michel Bouquet est toujours un policier singulier, voire inoubliable. On se souvient bien sûr de l’inspecteur principal Goitreau qui harcelait Gino Strabliggi chez Giovanni (Deux Hommes dans la ville, 1973) ou encore Javert (l’une des meilleures interprétations de l’inspecteur) chez Robert Hossein (Les Misérables, 1982).

Ici, Favenin est un policier ordinaire qui ne fait pas de politique – même si la mort de Tavernier, qui allait se lancer en campagne électorale, n’est pas pour lui déplaire – et surtout qui ne fait pas de différence entre les hommes qu’il doit appréhender : c’est lui qui insiste pour rattraper les meurtriers de Tavernier et qui va, au bout du compte, signer l’arrêt de mort de son ami.

 

Yves Boisset, qui vient de sortir Cran d’Arrêt le 14 janvier précédent remet le couvert en cette même année 1970 : le 5 octobre, après beaucoup de retard, le film sort en salle et fait – étonnamment – un tabac. Il faut dire qu’un personnage haut placé a contribué pleinement et involontairement à faire la promotion du film : Raymond Marcellin. Vous savez, celui qui a créé les voltigeurs, ces policiers à moto qui frappent les manifestants et les passants… Raymond « La Matraque » est scandalisé par le propos du film et fait tout pour le mutiler, voire l’interdire. Bien sûr, certains dialogues ont été supprimés (1) et l’interrogatoire de Rover (Gianni Garko) retourné, mais le propos du film demeure inchangé.

 

Alors Boisset déroule : entre un homme d’affaires véreux qui compte se présenter sous les couleurs de la majorité (gaullienne voire pompidolienne) et qui est un véritable truand et un policier peu consciencieux qui décide de sa « Saint-Barthélemy du mitan » et ne s’embarrasse d’aucun principe allant jusqu’à tuer si nécessaire, le scénario de Claude Veillot, Sandro Continenza et Boisset ne fait pas spécialement dans la dentelle. 1968 est passé par là et l’image de la police est sérieusement écornée. D’autant plus que le rôle du supérieur de Favenin est confié au formidable Adolfo Celi, spécialiste des rôles de méchants et autres faux derches notoires (3). Et question hypocrisie, nous sommes servis : sa première intervention est on ne peut plus significative. Sans oublier sa propension à couvrir indéfectiblement les hommes sous ses ordres : vous avez donc un magnifique serviteur du dénommé Raymond ci-dessus évoqué.

 

Pour le reste de l’interprétation Boisset fait appel à quelques seconds rôles habituels qui remplissent efficacement leur tâche : de Rufus (Raymond Aulnay) à Henri Garcin (Georgy « Beau Sourire ») en passant par Théo Saropo (Lupo) qui malheureusement décédera avant la sortie du film (accident de voiture), ce sont des personnages solides pour cette intrigue musclée.

Et les femmes ? On en dénombre trois. La femme de Barnero (Noëlle Leiris), celle de Favenin (Anne Carrère) et Hélène Gassa (François Fabian). Bien sûr, c’est belle Françoise qui tient le haut de l’affiche de ce rôle de femme prise entre deux feux : la mort de son frère (Pierre Massimi) et l’amour de Dan Rover, qui veut le venger. Elle fait preuve d’un indéniable courage et réussit presque à sauver la partie. Mais le film est noir et ira jusqu’au bout de la noirceur, laissant un condé seul.

Désespérément seul.

 

Bref, Boisset dénonce une certaine police, c’est dans l’ère du temps. Mais ce n’est que la première fois ! Il reviendra très vite avec des sujets plutôt sensibles… Comme quoi, les années 1970 ne sont pas seulement celles de la R 16 (qu’on voit ici en gros plan) ou l’époque où les médecins circulaient en Diane

 

PS : Francis Cosne, « Le Mandarin », est celui qui a cosigné le scénario du film précédent de Boisset…

 

  1. Pas encore de bip comme dans Le Juge Fayard dit « Le Shérif » !
  2. Petit clin d’œil à Michel Audiard, parce que ça me fait plaisir…
  3. L’Homme de Rio, L’Express du colonel von Ryan, Opération Tonnerre… Je continue ?
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