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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame historique, #Roger Spottiswoode, #Ed Harris
Under Fire (Roger Spottiswood, 1983)

 

Juillet 1979 : Anastasio Somoza Debayle (René Enriquez), qui dirige alors le Nicaragua, fuit avec les dépouilles de son père et son frère.

Et avant ?

Avant, c’est un régime corrompu dirigé par le personnage sus cité, et, bien tendu, soutenu par les Etats-Unis.

Mais si Somoza a quitté le pays, c’est avant tout parce que son régime a franchi la ligne rouge : la Guardia (milice d’état) a abattu froidement le journaliste Alex Grazier (Gene Hackman) sous les yeux – et l’objectif – de son ami Russell Price (Nick Nolte). Ses clichés sont arrivés à Washington et précipité la chute du dictateur : il n’était plus question de soutenir un tel régime…

 

Il s’agit ici seulement du troisième film de Roger Spottiswood, et ce que l’on peut dire sans hésitation : bravo ! C’est un film courageux comme (seuls ?) savent les faire les Américains, dénonçant en plus d’une situation injuste, une participation (ô combien controversée) de leur pays dans un conflit qui leur est théoriquement étranger. Mais nous sommes en 1979 pour l’intrigue et 1983 pour la sortie, et la Guerre Froide n’est pas encore terminée, comme ce sera mentionné dans le film. Les Américains, par l’intermédiaire du trouble Oates (Ed Harris), sont sur place et orchestrent la répression contre une rébellion juste et promise inexorablement à la victoire.

 

C’est donc dans ce contexte que Russell Price débarque, après avoir couvert les événements du Tchad – ce qui lui valut la couverture de Life (1). Et cette fois-ci, c’est un tantinet plus sérieux, puisque c’est une véritable situation de siège dont il est ici question.

Bien entendu, Price penche plutôt du côté des rebelles – naturellement – mais sa position de journaliste lui commande de rester neutre. Difficile dans un pays à feu et à sang gouverné par un dictateur sanguinaire. Qui en plus de la CIA, peut compter sur un personnage trouble : Marcel Jazy (Jean-Louis Trintignant). Ce quidam n’est jamais clair jusqu’à ce que Price découvre véritablement son rôle dans tous ces événements. C’est un jusqu’au-boutiste dangereux qu’une seule chose peut arrêter : une balle dans la tête.

 

Et Price, au milieu de tout ça se retrouve utilisé par les deux camps (et les Etats-Unis, ce qui en fait un troisième !) en fonction de la tendance du moment, mais surtout des enjeux politiques. Bref, une situation intenable pour un journaliste digne de ce nom.

Jusqu’à un certain point : quand il s’agit de sa propre survie, le choix devient tout d’un coup plus facile.

Et Nick Nolte campe avec brio et conviction ce photoreporter qui se retrouve à chaque occasion en première ligne, risquant continuellement sa vie : entre les balles perdues (pas pour tout le monde) et la milice du régime en place, cela ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre.

Et Spottiswood film avec beaucoup d’à propos cette intrigue politique, suivant essentiellement Price, mais aussi Claire (Joanna Cassidy), ex-femme de Grazier maintenant avec son ami, qui essaient tant bien que mal de survivre, un brin écoeurés par le jeu – dangereux – que joue leur propre pays.

 

Bref, c’est un grand film que nous offre ici Roger Spottiswood, alliant maîtrise technique et dénonciation politique, à tel point qu’on en retrouvera un écho – plus tragique – dans le Salvador d’Oliver Stone trois ans plus tard : même année, et toujours cette Amérique Centrale dont l’enjeu stratégique (?) justifie les pires exactions – des locaux comme des Gringos – au nom de la protection contre le Communisme !

Non seulement on suit avec beaucoup d’intérêt cette fuite en avant – avec des objectifs différents en fonction des différents protagonistes – mais surtout on apprécie beaucoup la reconstitution de ce conflit, avec en prime un clin d’œil – plus qu’appuyé – à Ernesto « Che » Guevara…

 

  1. On notera avec amusement la présence d’éléphants d’Inde (aux petites oreilles)…

 

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