C’est Jean-Paul Muret (Michel Blanc) qui traverse cette « petite zone de turbulences ».
Il faut dire qu’il y a de quoi.
Alors qu’il est jeune retraité, il s’aperçoit qu’il a une tache rouge dans le dos. Après une visite rassurante chez le médecin, il commence à gamberger et s’invente un cancer.
Jusque là, rien que de très normal (pour lui).
Mais s’ajoute à cela que sa fille Cathy (Mélanie Doutey) va se marier avec Philippe Faure (Gilles Lellouche), un patron d’une boîte de surveillance surnommé bac -6 par son futur beau-frère Mathieu (Cyril Descours), lui-même homosexuel qui a un petit peu de mal à assumer.
Ajoutez à cela Anne Muret (Miou-Miou) qui a une aventure extraconjugale et vous obtenez une comédie un tantinet acide mais tout de même très généreuse.
Il faut dire que si Alfred Lot assure la réalisation, le scénario adapté du roman de Philippe Haddon (A Spot of matter), ainsi que les dialogues sont de Michel Blanc, alors on se sent en territoire connu. Et sur certains points, on retrouve dans Jean-Paul le côté hypocondriaque de Denis (Marche à l’Ombre), avec ses excès comiques, le statut de SDF en moins.
Mais surtout, on se rend compte rapidement que cette zone de turbulences concerne aussi les autres membres de sa famille : Cathy qui veut se marier n’est pas toujours bien claire avec Philippe ; Matthieu a du mal à assumer pleinement sa relation avec Olivier (Yannick Renier) ; et la personnalité de Philippe ne convient pas à tout le monde (sauf Cathy).
Cette petite zone tout compte fait, n’est pas si petite que ça puisqu’on atteint rapidement un sommet de turbulences qu’Alfred Lot va tranquillement faire redescendre pour arriver à la fin heureuse attendue.
Evidemment, c’est Jean-Paul qui est le centre de l’attention : il faut dire que ses idées fixes amènent des situations des plus extrêmes, amenant presque un bain de sang, son ablation personnelle de la hanche n’étant pas très concluante.
Car Jean-Paul est un personnage aux tendances dépressives, le titre devenant très vite lui aussi une litote.
Et l’affiche qui montre une brique sur le point de lui tomber sur la tête est une très bonne illustration de ce qu’il se passe. Mais cette brique ne reste pas longtemps en suspend, et surtout, elle va déclencher un mini cataclysme dans cette bonne famille bourgeoise des Yvelines (immatriculation de la voiture).
De plus, les situations trouvent de temps en temps un écho ultérieur : la phrase « sauf erreur grossière de ma part » qui amène une image qui elle-même se retrouvera un peu plus tard, accentuant le désespoir de Jean-Paul quant à sa santé. Une autre image se rappelle à son souvenir quand il est en train de remuer du ciment, mais je ne vous en dis pas plus.
Bref, c’est une accumulation de petits tracas à un moment déborde sur les autres et amène un point de rupture qui, heureusement n’est pas franchi.
Et c’est tout à fait normal : nous sommes dans une comédie. Pour que tout se termine bien, il faut que cela aille mal !
Alors on savoure cette histoire de rien du tout. On la savoure comme on le fait toujours avec les histoires de Michel Blanc : à partir de trois fois rien, il nous propose une intrigue solide avec des personnages légèrement outranciers (mais pourrait-il en être autrement ?), dans un schéma des plus classiques, servi par des interprètes qui s’amusent presque autant que les spectateurs. Alors on rit. On rit de cette histoire tout compte fait dérisoire, d’un homme qui est à un tournant de sa vie : la retraite.
Parce qu’en fin de compte, il n’a rien : tout juste un peu d’eczéma. Alors, un peu de cortisone et hop ! C’est passé…