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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Western, #Clint Eastwood, #Morgan Freeman
Impitoyable (Unforgiven - Clint Eastwood, 1992)

William Munny (Clint Eastwood) n'est pas un cowboy. Il n'est même pas un « pig-boy ». Il essaie d'élever des cochons avec ses deux enfants, mais n'en est pas vraiment capable.

C'est un tueur. Repenti, certes, mais un tueur quand même.

Alors quand le Schofield Kid (Jaimz Woolvett) le relance pour tuer deux hommes qui ont mutilé une prostituée, il n'hésite pas longtemps. Il reprend ses armes et part s'occuper de ces deux personnes, emmenant son vieux partenaire Ned Logan (Morgan Freeman), retiré des affaires lui aussi.

 

Sept ans après Pale Rider, Clint Eastwood retourne au western (son dernier en date), bousculant encore une fois les codes établis, repoussant un peu plus les limites de ce genre cinématographique, l'un des plus anciens qui soit, sinon le plus ancien.

Le héros ? Quel héros ? William Munny est un tueur de la pire espèce : il a beau s'être rangé, avoir deux enfants, il restera toujours un tueur. Il a tué tout ce qui tient sur deux jambes : des hommes, des femmes et même des enfants. De sang froid. Sans état d'âme. Combien ? Lui-même ne le sait pas. A-t-il même compté ? Alors évidemment, parfois, ses victimes viennent le hanter...

Mais Impitoyable, c'est aussi un western sur la vieillesse, sans la nostalgie un brin romantique de John Ford (She wore a yellow Ribbon, par exemple). Tous ces hommes, qui savent manier le pistolet comme pas deux sont vieux. Lors du tournage, Eastwood, Gene Hackman (Little Bill Daggett) et Richard Harris (English Bob) avaient déjà passé la soixantaine. Et Morgan Freeman, même s'il a toujours été plus jeune qu'eux, avançait en âge, avec sa cinquantaine entamée. Ils ont toujours les mêmes réflexes, mais la motivation leur fait défaut. D'ailleurs, seul Munny ira jusqu'au bout, retrouvant ses réflexes et son instinct de tueur. Pour Ned, il est trop tard. Il ne peut plus. Quant à English Bob, il n'a même pas le temps de s'exprimer qu'il repart déjà.

Il reste le Kid, me direz-vous. Mais le Kid, ce n'est pas un tueur. C'est un gosse. Un rêveur. Il rêve de se faire un nom tiré de ses prouesses à venir, celles passées n'étant pas encore arrivées aux oreilles du grand public (il a tué « cinq hommes » !).

Nous sommes donc dans un western crépusculaire : les héros sont vieux et fatigués, mais en plus, la séquence d'ouverture nous propose un coucher de soleil pendant qu'un homme (William Munny) creuse devant chez lui (il enterre sa femme). C'est ce même plan statique qui nous sera proposé en conclusion, à une toute petite différence près (allez le voir pour la trouver). Entre les deux, une histoire terrible, un pas de plus dans la fuite en avant de William Munny, plus proche de la damnation que de la rédemption.

Pas de duel au soleil cette fois-ci non plus.  Comme dans Pale Rider, il prend le parti que l'été éternel du western est terminé. Il y aura bien affrontement final, comme dans tout bon western qui se respecte. Mais ce ne sera ni au soleil, ni en extérieur. La légende du western est terminée. Place à la réalité, ou plutôt au réalisme.

Avec Impitoyable, Eastwood va plus loin que Pale Rider. Le Pasteur et William Munny sont deux personnages de la même trempe.  Ce sont des tueurs aussi impitoyables l'un que l'autre. Mais alors que le Pasteur réparait une sorte d'injustice, William Munny lui, va au-delà : ces deux victimes lui sont totalement inconnues ; il ne connaît l'incident que par ouï-dire. Et pourtant, il n'hésite pas une seule seconde : il va tuer, parce que c'est la seule chose qu'il sait bien faire.

Tuer est une affaire grave, un geste impardonnable. Alors que le Kid passera probablement le reste de sa vie à oublier cette aventure, Munny lui, a déjà accompli ce geste et recommence dans cette nouvelle aventure, sans véritable émotion. Il n'y aura pas de pardon pour lui - d'où le titre original - mais peu importe : une fois le boulot terminé, il retournera tranquillement à sa vie de famille, près de la tombe de son épouse.

Et Munny nous révèlera ce que nous subodorions depuis le début : tout ce qui fut dit sur lui était vrai. Ce n'est rien d'autre qu'un infâme tueur, sans émotion, faisant juste un boulot pour lequel il est payé.

Véritablement impitoyable.

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