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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Drame, #Edward Sloman
Up the Ladder (Edward Sloman, 1925)

Edward Sloman est un réalisateur aujourd’hui oublié, et si ce n’était pour le professeur Allen John et surtout l’incontournable Kevin Brownlow (1), on l’aurait complètement oublié.

Ses films muets ont pour une très grande partie été perdus et seuls quelques-uns subsistent, dont ce très beau Up the Ladder.

En haut de l’échelle : on parle bien sûr de l’échelle sociale qu’un des protagonistes de cette histoire va atteindre. Mais comme toujours dans ces cas-là : « plus dure sera la chute ».

 

De tout temps, les Cornwall et les Van Clinton ont été deux familles riches et influentes. Mais le temps passant, James Van Clinton (Forrest Stanley) s’est retrouvé le dernier représentant avec très peu de capital pour survivre. Pourtant, il a conçu un appareil révolutionnaire : le télé-vision-phone.

C’est tout simple, vous vous placez devant un écran, vous appelez la personne concernée et vous avez le plaisir de la voir tout comme elle (2).

Heureusement, Jane Cornwall (Virginia Valli), dernière de sa lignée a encore de l’argent et malgré son refus, elle va financer en sous-main cette invention.

Cinq ans plus tard, James est un inventeur reconnu et riche, père d’une petite Peggy (Priscilla Moran) espiègle et très jolie.

Il est aussi l’amant de la meilleure amie de sa femme, Helene (Margaret Livingston, encore une fois en briseuse de ménage).

 

Nous sommes en plein mélodrame donc, mais à ceci près que celui-ci est très beau et n’incite pas à la larmichette. En effet, Sloman a su tirer la meilleure partie de ses acteurs et en particulier Virginia Valli qui possède un visage très expressif et des regards très pertinents. A aucun moment elle ne surjoue, donnant un ton naturel au film que ses partenaires partagent.

En outre, Sloman utilise la petite Priscilla Moran avec beaucoup d’habileté. C’est une petite fille espiègle certes, mais elle joue un rôle important : elle n’est pas là seulement pour montrer les changements dans la vie de Van Clinton. De plus, son regard bleu (je sais le film est en noir et blanc, mais elle avait tout de même les yeux bleus !) fait craquer tous les adultes autour d’elle, de même que les spectateurs.

 

Si Sloman a réalisé ici un mélo, il s’est affranchi de certains codes habituels où les personnages (féminins essentiellement) passaient une partie de leur temps effondrés et pleurant.

Ici, la seule qui pleure, c’est Peggy, en comprenant intuitivement l’infidélité de son père. Mais pour le reste, Jane est d’une très grande dignité et sort finalement grandie de cet épisode.

De plus, le cadre a beau être un milieu huppé, à aucun moment on ne retrouve le clinquant de Cecil B. DeMille.

Mais surtout, le film renferme une ironie mordante à propos de l’invention révolutionnaire de Van Clinton : alors qu’il a (presque) tout sacrifié pour arriver à développer sa machine, c’est cette dernière qui va le trahir.

La découverte par Jane de l’infidélité est un autre grand moment du film, son entretien télévisiophonique (3) révélant le pot-aux-roses, elle parvient tout de même à garder cette dignité qui est sienne, alors que hors-champ (pour son interlocutrice), elle ronge son frein et ses ongles et déchire son mouchoir, allégorie de son mariage qui se brise.

 

Ajoutons aussi la présence du vétéran George Fawcett dans un rôle de conseiller juridique (lui qui fut le juge de Manslaughter), témoin malheureux et impuissant de cette tragédie.

Une très agréable curiosité, magnifiquement dirigée et filmée, le recours à l’incrustation pour le fonctionnement de l’appareil étant tout à fait bluffant.

 

Sloman est un réalisateur à (re)découvrir absolument.

 

 

  1. Lire à ce sujet le chapitre 13 de The Parade’s gone by (1968, p.155) : merci monsieur Brownlow.
  2. Eh oui, Skype en avait rêvé, Sloman l’a fait !
  3. Je sais, ce mot-là n’existe pas, mais il faut bien trouver un terme !
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