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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Tod Browning, #Lon Chaney, #Drame
A l'Ouest de Zanzibar (West of Zanzibar - Tod Browning, 1928)

Phroso (Lon Chaney) est un prestidigitateur de talent se produisant sur diverses scènes de music-hall, accompagné de sa femme Anna (Jacqueline Gadsdon).

Mais celle-ci veut le quitter pour le beau et élégant Crane (Lionel Barrymore).

Une échauffourée s’ensuit entre les deux hommes et Phroso est précipité par une rambarde et se brise la colonne vertébrale. Le voilà hémiplégique.

Quand sa femme refait surface, il la trouve morte, un bébé auprès d’elle.

Phroso décide alors de se venger de Crane et de sa fille.

 

Lon Chaney dans tout son art, Tod Browning dans son élément.

Nous retrouvons donc Lon Chaney dans un rôle de mutilé, le crâne rasé et un regard haineux qui rappelle celui de Blizzard dans The Penalty. On peut alors le voir se déplacer comme n’importe quel hémiplégique, traînant ses jambes mortes (1) ou descendant de l’étage par une corde à nœuds. [NB : il ne la remonte jamais]C’est encore une fois un personnage très maléfique.

Pourtant le film commençait bien : Phroso (2) est marié à la belle Anna, ce qui est un changement par rapport aux autres films où il espère toujours l’affection des jolies femmes : Nanon (Joan Crawford) dans L’Inconnu, Gertrude Hadley (Virginia Valli) dans The Shock, ou encore Lilith (Leatrice Joy) dans The Ace of hearts (etc.).

Mais cela ne dure pas puisqu’en même pas cinq minutes de film, elle est partie revenue et morte, laissant donc une fille, que Phroso reconnaît comme celle de Crane.

Bref, on retrouve le thème de la vengeance dans toute sa dimension cinématographique.

 

Mais si la vengeance peut se justifier entre Phroso et Crane, la fille n’est en aucun cas coupable de quoi que ce soit. Et surtout, il n’est pas question de laisser impuni un tel stratagème criminel au cinéma. Alors encore une fois, le personnage de Lon Chaney va devoir payer pour son (ses ?) crime (s).

Mais si le personnage paie pour avoir dégradé la jeune femme (3), il n’en trouvera pas moins la Rédemption inévitable – ou presque – du cinéma américain.
En effet, la vengeance se retourne contre son instigateur, l’amenant au sacrifice tout aussi inévitable lui aussi.

 

Il s’agit du pénultième film entre Chaney et Browning, et encore une fois, Chaney nous montre toute l’étendue de son talent. On le voit sourire, en colère, suppliant, apeuré… Pratiquement toutes  les émotions sont illustrées dans ce film. Et en plus, on peut le voir avec un visage normal d’homme prévenant, fragile et émouvant comme il savait l’être.

C’est un régal pour ses fans dont je fais partie.

Quant à Browning, outre quelques éléments de sa future œuvre déjà mentionnée (4), on retrouve le monde du spectacle qui a souvent baigné les intrigues de ses films : La Morsure, L’Inconnu et bien sûr Freaks

Phroso est un saltimbanque, dont le déguisement rappelle d’une certaine façon un autre personnage de Chaney : Paul Beaumont dans He who gets slapped.

 

Au final, nous sommes en territoire connu et savoureux. Il ne manquait plus qu’un autre géant du cinéma pour lui donner la réplique - même au cinéma muet, les gens (se) parlent – et c’est le cas avec Lionel Barrymore. Il y a une alchimie qui fonctionne très bien entre  ces deux géants aux rôles pas si éloignés que ça : Crane n’est pas un enfant de chœur et sa confrontation (finale) avec Phroso tourne à son avantage d’une manière tout de même assez ignoble.

C’est hélas le seul film où ces deux géants se partagent la vedette. Mais le personnage de Paul Lavond (The Devil Dolls) , interprété par Barrymore, n’est pas sans rappeler celui d’Echo (The unholy Three) joué par Chaney.

 

Bref, on a du grandiose, dans l’intrigue comme dans l’interprétation, même si on peut douter de l’authenticité des Africains dépeints, pour preuve la présence d’un autre monstre du cinéma : Dick Sutherland (5).

 

A (re)voir de toute urgence.

 

 

PS : Encore une fois, le titre original a été traduit. Le Talion. Certes, il s’agit d’une histoire de vengeance, mais tout de même, A l’Ouest de Zanzibar, ça a plus de cachet : pas besoin d’inclure quelque référence (plus ou moins) biblique vengeresse, Chaney & Browning suffisent à annoncer la couleur. De plus, Zanzibar et son passé commercial apportent la touche exotique et sordide nécessaire.

 

  1. « Dead Legs » est le surnom qu’il porte loin là-bas, à l’Ouest de Zanzibar.
  2. Wallace Ford portera le même nom dans le chef-d’œuvre du même Browning Freaks, quatre ans plus tard. Bien sûr, ce n’est pas une coïncidence.
  3. Il l’envoie dans un bouge de Zanzibar, dont la tenancière n’est autre que Rose Dione, qui sera Madame Tetrallini dans le même Freaks.
  4. Involontairement bien sûr, c’est le spectateur qui fait le lien bien après.
  5. Ceci n’est pas évident : pour ma part je ne l’ai pas remarqué. Il faudra que je revoie.

 

 

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