Un homme seul, poursuivi. Vance Shaw (Randolph Scott)
Un autre homme, blessé. Edward Creighton (Dean Jagger).
Une rencontre.
Creighton travaille pour la Western Union (d'où le titre) afin d'établir la ligne télégraphique entre Omaha et Salt Lake City, afin de relier l'Est et l'Ouest des Etats-Unis.
Alors Shaw rejoint l'expédition : c'est une façon de se mettre à l'abri de ses poursuivants.
Mais d'autres poursuivants viennent tourmenter la Western Union : Jack Slade et sa bande de renégats, bande dont Shaw fut autrefois membre...
Un an après le Retour de Frank James, Fritz Lang nous offre un nouveau western. Inspiré du roman de Zane Grey Western Union (1939), il raconte comment le télégraphe a pu relier l'est et l'ouest, alors que les Etats-Unis vivaient leur terrible Guerre Civile. Edward Creighton a réellement existé et dirigé la construction de cette ligne télégraphique. Autour de Creighton, on trouve toute une clique de personnages pittoresques qui semblent tout droits sortis de d'un western de John Ford : entre l'ancien trappeur qui fut scalpé par les Indiens "et le cuisiniers pas très courageux et à qui il arrive toute sorte d'épisodes comiques... Et bien entendu, la jeune et jolie fille (Virginia Gilmore) - sœur de Creighton (!) - que Vance Shaw et Richard Blake (Robert Young) courtisent.
Mais c'est Shaw qui est certainement le personnage le plus languien.
C'est un homme seul, qui, à un moment de sa vie, a fait les mauvais choix, et essaie de vivre, faute de pouvoir réparer ces erreurs. Mais même s'il n'est pas un enfant de chœur, il ne peut pas laisser un homme mal en point seul : voilà pourquoi il aide Creighton blessé, et le retrouvera pour cette aventure autour du « fil qui chante ».
Mais rapidement il est rattrapé par son (lourd) passé et ne peut échapper à son destin.
Quoi qu'il fasse, ses vieux démons reviennent le hanter. Mais ces démons sont bel et bien réels : Jack Slade et ses sbires - ses anciens « associés » - eux non plus, ne sont pas des enfants de chœur. Ils sont même plus que cela pour Shaw. Et tant que ces tristes personnages seront dans les parages, Shaw ne pourra pas tourner la page, ni évoluer. Il y a chez Shaw un peu d'Eddie Taylor (You only live once, 1937) : cet homme sans cesse hanté par son passé criminel et qui, malgré ses tentatives pour se ranger, est rattrapé par sa faute originelle, celle qui le marquera indélébilement et l'empêche d'accéder à une quelconque rédemption, sinon par la mort.
Quant à savoir si le sort de Shaw est plus favorable que celui d'Eddie, il faut voir le film.
Et puis ce film est aussi un bon complément de l'album de bandes dessinées de Lucky Luke par Morris & Goscinny : Le Fil qui chante. Il raconte la même sorte d'expédition, mais dans l'autre sens, entre Carson City et Salt Lake City. Cette BD s'inspire bien entendu du film, reprenant, à sa façon, certains épisodes, comme les pourparlers avec les Indiens pour savoir si le « fil qui chante » est, oui ou non, une « bonne médecine » !