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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Gangsters, #Raoul Walsh
L'Enfer est à lui (White Heat - Raoul Walsh, 1949)

Arthur « Cody » Jarrett (James Cagney) est un truand. C’est un psychopathe de la pire espèce, assassinant de sang froid celui qui se met sur son chemin.

Il commande tout et tout le monde, planifie, décide et dirige ses complices, accumulant les cadavres avec les butins faramineux (pour l’époque, nous sommes en 1948).

Mais la police veille et envoie Alan Fallone (Edmond O’Brien) en infiltration auprès de Cody.

 

Avec Jarrett sur les écrans, c’est le retour des truands de haute volée, comme on en trouvait au début des années 1930s.

Mais entretemps, les mentalités ont évolué et le code Hays a bien rempli son rôle.

Pourtant, Raoul Walsh nous offre ici un magnifique film de gangsters, aussi mauvais et dangereux que ses aînés de la décennie précédente. Et avoir choisi James Cagney n’est pas anodin. Outre le fait qu’il était un acteur phénoménal, il a aussi participé à quelques films du genre, dont les personnages sont presque devenus mythiques maintenant : Tom Powers (The Public Enemy) ou encore Rocky Sullivan (Angels with dirty Faces).

 

Mais en plus d’un film de gangsters, Walsh ajoute une teinte carcérale qui voit l’infiltration de Fallone auprès de Cody. Bien que ce ne soit pas le thème le plus important dans le film, on retrouve les codes de cet autre genre avec la promiscuité, les « métiers » ou encore les inévitables désirs d’évasion.

Mais c’est surtout en prison que se passe le tournant du film : l’infiltration. Il faut avant tout savoir que Cody est un malade. En plus d’avoir le cerveau déglingué, il souffre de migraines chroniques – de plus en plus fortes, semble-t-il – qui l’affaiblissent spectaculairement. C’est d’ailleurs au moment de l’une de ces migraines que Fallone va gagner la confiance de Cody.

Il y a dans le jeu de Cagney une maîtrise et surtout une authenticité impressionnantes. Ses deux crises sont à chaque fois des moments pathétiques où seul une personne proche peut le soulager : proche moralement et physiquement.

Le moment où Fallone voit Cody s’effondrer pourrait presque nous faire croire que Fallone a pitié de lui, tant le spectacle auquel il assiste est prenant et surtout terrible pour Cody.

Autre grand moment de bravoure pour Cagney : l’annonce de la mort de sa mère. Cody est pris d’une rage terrible et doit être évacués de force par une escouade de gardiens tant sa     crise est forte. A tel point que les figurants qui occupaient les tables du réfectoire furent eux-mêmes saisis devant le jeu de l’acteur, s’imaginant qu’il avait une vraie crise !

 

Mais quand le film sort, près de 15 ans ont passé depuis la mise en place du Code Hays, et il n’est pas question de faire de ce redoutable gangster un modèle. Et Walsh insiste aussi sur les moyens policiers, utilisant la technologie de pointe (de 1948) avec téléphone dans la voiture et surtout un détecteur radio qui permet de suivre le parcours de Cody et ses complices pour leur dernier coup.

Dernier coup, parce qu’il est indispensable que Cody s’en sorte. Nous assistons alors à une mise à mort, les policiers n’hésitant à aucun moment pour l’abattre. Mais afin de faire passer plus facilement la mise à mort légale, Walsh n’a pas hésité à nous montrer un personnage d’une extrême dangerosité, au cerveau malade dans tous les sens du terme.

Cody devient de plus en plus fou, méprisant la vie humaine quelle qu’elle soit : celle des policier ou celle de ses complices qui tombent un à un.

 

En plus, tout comme Tom Powers, Cody qui est tout pour lui, tout comme il est tout pour elle. Mais alors que Ma Powers (Beryl Mercer) était une femme victime de la malfaisance de son fils, il n’en va pas de même de « Mother » Jarrett (Margaret Wycherly). C’est une femme forte, mais surtout fière de son garçon, bien qu’il soit un gangster notoire. On pourrait même dire que son mauvais penchant est la raison de sa fierté : elle a toujours voulu qu’il arrive tout en haut (« on top of the World »), et d’une certaine façon, il y arrivera comme le dira Fallone en conclusion.

La relation entre Cody et sa mère est très fusionnelle, amenant la crise du réfectoire (cf. plus haut). Il faut dire que cette dernière est plus qu’une mère : elle est aussi complice des méfaits de son fils. Il faut la voir déjouer la vigilance de la police ou annoncer à son fils en prison qu’elle va prendre les choses en main pour s’en convaincre.

 

Il n’y a donc aucune commisération possible : Cody doit mourir, et même sa mère ne peut le racheter, elle est aussi mauvaise que lui.

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