Les enfants Donovan, Sylvia (Priscilla Dean) et Roy (Raymond Griffith), ont grandi à part pendant quinze ans, suite à la dénonciation de leur père Mike (Alfred Allen) par l’infâme Bill Hawkes (Wallace Beery). Ce dernier s’occupa de la petite fille pendant que le garçon grandissait persuadé que sa sœur avait été tuée avec son père.
Le destin (1) va pourtant les réunir, ainsi que Hawkes, quinze ans après dans un casse spectaculaire (avec un automate qui gagne aux échecs). Mais seul Hawkes sait qu’ils sont frère et sœur et va tenter de les monter l’un contre l’autre : ainsi il n’aura pas à partager…
Le tigre blanc du titre original n’a rein à voir avec un fauve au sens propre, et si la traduction englobe nos trois protagonistes, c’est plus en écho à ce titre initial : « Les Rapaces » aurait été un titre plus convenable et en plus il était libre puisque Stroheim n’avait pas encore sorti son chef-d’œuvre (amputé).
Non, le tigre blanc, c’est une sorte de démon intérieur qui ravage le cœur et l’esprit : le crime.
Il faut dire que les enfants Donovan baignent dans le crime depuis toujours : fils d’un gangster, ils deviennent plus tard eux-mêmes des escrocs : elle vole à la tire pendant qu’il a mis au point un numéro d’automate truqué et faussement mécanique.
Nouvelle incursion de Browning dans les bas-fonds, Les Fauves sont l’occasion de retrouver son actrice fétiche Priscilla Dean (2) aux côtés d’une légende du cinéma, encore une fois dans un rôle négatif : l’immense (3) Wallace Beery.
Et comme nous sommes chez Browning, on y retrouve un élément de spectacle qui va perdurer dans les films suivants : la rencontre entre Sylvia, Roy et Hawkes se fait dans un célèbre musée de cire londonien qui possède sa « chambre des horreur » (4) où Roy et un complice exhibent leur automate. Cet automate est habité par Roy qui manœuvre la marionnette de l’intérieur : nous avons déjà un personnage qui n’est pas celui qu’il prétend être comme ce sera souvent la règle dans les films suivants de Browning.
Mais cet aspect spectaculaire n’est pas le centre du film, il s’agit plus du « tigre blanc », ce démon du crime qui dévore ses victimes.
Nous assistons à la dégradation d’une association de malfaiteurs en proie à la convoitise : leur coup sensationnel va les faire douter les uns des autres jusqu’à la défiance et l’irréparable.
Et bien sûr, cette défiance sera attisée par le méchant de service, Hawkes.
Evidemment, les mentalités de 1923 ne pouvaient pas laisser se trio s’en sortir avec brio et une fin morale est donc de mise : nous assistons alors à une nouvelle rédemption (double, le frère et la sœur) inévitable.
Bref, nous sommes dans une sorte de mélodrame convenu qui aurait mérité d’a voir une intrigue un tantinet plus fouillée. Browning, qui a signé le scénario, a jeté quelques bonnes idées qu’il va malheureusement délayer dans un mélo dont l’issue est prévisible : la morale est sauve, le méchant est châtié et les deux héros sont sauvés.
On aurait pu espérer un peu plus de Browning, mais il manque un atout de taille à ce petit film : Lon Chaney, bien entendu. Ou au moins un méchant qui le soit un peu plus. Wallace Beery interprète un Hawkes qui ne possède pas autant de malveillance que le professeur Echo (Le Club des Trois, 1925) ou The Blackbird (L’Oiseau noir, 1926).
Et un méchant qui ne l’est pas assez, ça n’aide pas à faire un grand film, non ?
- Toujours lui !
- 9 films ensemble
- Au sens propre comme au figuré.
- Est-il besoin de le nommer ?