Chez les Ford, Américains plutôt aisés.
Pendant que Monsieur (Billy Armstrong) veut prendre son petit déjeuner, Madame (Marta Golden) explique à deux tapissiers ce qu’elle attend d’eux.
Plus tard, l’amant de Madame (Leo White) arrive, ajoutant au désordre ambiant.
Outre le couple propriétaire, la maison renferme une bonne : Edna Purviance.
On retrouve ici le personnage qui ressemble au vagabond (Charles Chaplin), véritable bête de somme de son patron (Charles Inslee) : c’est lui qui tire leur voiture à bras, remplie d’outils et autres objets hétéroclites, guidé par ce même patron, et même cravaché quand il ne va pas assez vite.
Cette première partie joue sur les difficultés rencontrées pour amener la voiture à bon port : pente raide avec peau de banane au sommet amenant une inévitable – et très attendue – descente du chargement, ainsi qu’une bouche d’égout malencontreusement (pas pour nous, bien sûr) ouverte, amenant une nouvelle difficulté, sans parler de passager supplémentaire (Paddy McGuire) aussi exigeant que l’autre.
Dans la seconde partie, par contre, nous sommes en intérieur et on assiste à la destruction – systématique chez Chaplin – de l’intérieur (bourgeois, bien sûr) des Ford par ces deux travailleurs peu efficaces. Aux travaux de tapisserie s’ajoute l’arrivée de l’amant de madame, ajoutant à la joyeuse confusion qui s’installe.
Mais s’il n’est qu’employé, c’est bien notre héros qui mène le bal. Et personne n’est épargné par son pinceau à colle : même la douce Edna y a droit, et même plus.
Oui, certaines scènes sont drôles, mais on se languit tout de même de cette accumulation de désordre qui amène l’explosion finale (dans tous les sens du terme cette fois). Mais on peut regretter certaines longueurs – les glissades dans la colle – alors que de nombreux éléments du décor sont peu ou pas utilisés.
Il en va de même pour la relation entre notre et la belle soubrette, trop peu exploitée à côté de ce qu’on a pu voir dans les films précédents, dont l’incontournable Le Vagabond.
Encore une fois, Chaplin essaie des choses, étire à l’envi un scénario – assez pauvre d’ailleurs – avec de temps en temps de bons gags qui font mouche : le pinceau – qu’on retrouvera dans Le Cirque – ou la statuette d’une femme dénudée qui monopolise beaucoup l’attention du jeune homme – on retrouvera d’ailleurs cet intérêt fripon et un tantinet hypocrite avec une statue en vitrine, autrement plus grande mais surtout plus dénudée, dans Les Lumières de la ville.