Imaginez un monde sans les Beatles (1). Un monde où il n’y a ni champs de fraises, ni longue rue venteuse, ni sous-marin jaune, ni guitare qui pleure. Une horreur !
C’est pourtant ce » qu’il arrive à Jack Malik (Himesh Patel) qui est renversé par un bus pendant une panne d’électricité mondiale de 12 secondes. Quand il se réveille à l’hôpital, il se rend compte que personne n’a jamais entendu des Fab Four. Alors lui qui est un musicien un tantinet raté, c’est l’occasion d’accéder au succès avec des chansons qui, plus de cinquante ans après, ont conservé toute leur force.
C’est donc Yesterday qui ouvre le bal, rapidement suivie par Let it be, et les autres.
Bien entendu, le succès est là. Mais avec l’amertume de celui qui sait qu’il endosse le talent des autres…
Si vous n’avez pas (encore) vu ce très beau film de Danny Boyle (2), je vous conseille de revenir demain, une grande partie de l’intrigue va être révélée ici: difficile en effet de faire autrement que d’en parler tant elle baigne l’esprit du film. Je m’explique : il est très difficile de disserter dessus sans révéler des éléments essentiels de cette semi supercherie. Parce que d’une certaine manière, il s’agit bel et bien d’une arnaque morale mais qui se retourne contre son instigateur : Jack sait que ce qu’il fait est malhonnête et une fois l’opération enclenchée son malaise va aller de plus en plus grandissant.
Vous voyez, je n’y arrive pas. Sauvez-vous pendant qu’il est encore temps. Enfin, ce que j’en dis…
A nouveau, Danny Boyle continue son œuvre originale, réussissant à dérider les spectateurs avec des sujets pas toujours très réjouissants. Et un monde sans Beatles est une idée là encore assez terrible, n’en déplaise à leurs détracteurs. Parce que sans Beatles, pas non plus d’Imagine ou de Mull of Kintyre, My sweet Lord… Bref, quelques très belles chansons (à mon avis, mais qui est partagé) en moins, et donc un recul culturel.
Mais, et c’est là qu’est aussi le côté réjouissant du film, malgré l’absence de John Paul George et Ringo (3), leurs chansons s’inscrivent tout de même dans ce monde décalé : Jack est celui qui leur permet d’exister (aux chansons).
Et c’est là que Danny Boyle réussit le tour de force du film : actualiser ces chansons. EN effet, pas une fois nous n’entendons l’un des 4 de Liverpool (4), Himesh Patel chantant tous ces grands succès (et en jouant des instruments, s’il vous plaît). Mais ils restent malgré tout très présents, jusqu’à presque faire une apparition : on a beau l’attendre, cette apparition, elle ne viendra jamais.
Par contre, celui qui apparaît et qu’on n’attendait (presque) pas, c’est John. Tout comme la première apparition d’Ed Sheeran (qui joue son propre rôle), celle de John est tronquée et c’est au tout dernier moment qu’elle a lieu : les spectateurs ont la même surprise que Jack en voyant un John vieilli ouvrir la porte. Juste avant on avait droit à un plan sur un dessin coloré : les dessins de John sont actuellement très prisés, comme le montre ce site.
Mais la rencontre – logique et magnifique – avec Lennon, est à mon avis l’un des plus beaux hommages qui ait pu être fait à ce musicien hors norme : avec Jack, c’est l’ensemble de ses fans qui l’enserrent dans leurs bras pour un câlin (hug) posthume. C’est celui qu’on voudrait lui faire, tellement il nous a manqué » depuis le 8 décembre 1980.
Et pour l’interpréter, Boyle s’est tourné vers son vieux complice Robert Carlyle qu’il venait de retrouver pour T2 deux ans plus tôt. La ressemblance est frappante et la séquence qui s’ensuit est magnifique de subtilité et de sensibilité.
Alors, Yesterday, une comédie ? Pas totalement, parce que le principe posé après l’accident de Jack est des plus tragiques : que serait un monde sans les Beatles et leur musique ? Mais une comédie tout de même parce que le film se termine bien : comme écrit plus haut, malgré l’absence des musiciens dans ce monde parallèle (5), les chansons sont là, amenant toujours le même bien-être à ceux qui les écoutent ou/et les chantent (séquence finale).
PS : J’aurais pu parler des différentes références du film mais vous pouvez les trouver sur n’importe quel site expliquant le film.
- Pas facile, même en essayant…
- Pléonasme, en ce qui me concerne, j’aime (très) beaucoup son œuvre !
- Tout du moins à un niveau de célébrité mondiale.
- A part…
- Il y manque aussi d’autres éléments que je vous laisse énumérer (ou découvrir si vous n’avez pas vu le film ni suivi mon conseil initial)…