C’est la grande vedette de l’Odéon de St-Esmé : Zaza l’incomparable (Gloria Swanson).
Tous les soirs, Bernard Dufresnes (H. B. Warner) vient l’admirer dans son numéro de l’escarpolette : assise sur unes balançoire, elle chante, lançant au public des fleurs et ses pantoufles, celui qui les attrape pouvant ensuite – insigne honneur – lui rapporter…
Mais comme toutes les grandes vedettes, elle est extrêmement capricieuse. C’est une véritable tornade. Quand quelque chose ne se passe pas à sa convenance, c’est un véritable déferlement à côté duquel les dix plaies d’Egypte n’étaient qu’une promenade de santé.
Heureusement, Dufresne est là, le seul capable de calmer ses ardeurs.
Seulement voilà : Dufresnes est marié, et a une petite fille…
Après Adrien Caillard en 1913, Edwin S. Porter en 1915, c’est Allan Dwan qui adapte cette pièce de théâtre de Pierre Berton et Charles Simon. Avec ce film commence une collaboration avec la star sur six films jusqu’à 1930.
Dès ce film, Dwan a pris la mesure de son actrice : il la fait jouer sur différents registres, de la comédie à la tragédie avec beaucoup de brio.
Zaza est une jeune femme inoubliable : sa beauté, sa voix (le film est muet, certes, mais Zaza est tout de même chanteuse) et ses colères font d’elle un personnage riche. Comique, dans ses colères, elle sait aussi être touchante dans son histoire d’amour malheureuse. Le moment fort étant la rencontre avec la fille de Dufresnes, Lucille (Helen Mack), où Zaza prend pleinement conscience de la situation : elle montre une dignité qui n’a d’égale que son emportement précédent, quand elle arrive en furie dans la maison de Dufresnes.
Mais nous sommes dans une histoire à la limite de l’immoralité : Dufresnes est éperdument amoureux de Zaza alors qu’il a un poste à responsabilité, une femme et une fille qu’il néglige. Quant à l’issue – heureuse, tout de même – il ne faut pas trop y réfléchir, sinon, on pourrait trouver à y redire (je vous laisse découvrir cette fin…) : nous ne sommes qu’au début de XXème siècle, tout de même !
En face de Gloria Swanson, les actrices et acteurs sont à la hauteur (il le fallait pour un tel rôle), Mary Thurman (Florianne) et Lucille La Verne (la tante Rosa) en tête.
La première, rivale jalouse (pléonasme ?) de Zaza, gagnera tout de même sa rédemption après avoir essayé de se débarrasser de la vedette. La seconde – qu’on avait déjà vu en Frochard, l’affreuse mégère dans Les deux Orphelines – véritable pocharde, essayant de diriger Zaza vers un mariage d’intérêt avec le Duc de Brissac (Ferdinand Gottschalke), mais terminant inlassablement un verre à la main.
Une première encourageante donc pour le duo Dwan-Swanson.
PS : quand le film se termine, malgré les versions précédentes et à venir (trois autres jusqu’à 1956), on ne pense qu’une chose : Gloria Swanson EST Zaza.