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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Cecil B. DeMille
Le Réquisitoire (Manslaughter - Cecil B. DeMille, 1922)

Elle est jeune, elle est belle, elle est riche et insouciante : c’est Lydia Thorne (Leatrice Joy).

Mais surtout, elle est irresponsable, égoïste et égocentrique. Elle jouit avec excès de la vie. Jusqu’au jour où tout s’effondre : elle tue un homme sur la route et se retrouve en prison.

Son univers bascule.

 

Il y a dans ce Réquisitoire comme un parfum de Forfaiture. On retrouve une femme accusée de meurtre et qui doit se défendre contre la société. Mais si Edith Hardy (Fanny Ward) avait des circonstances atténuantes (1), il n’en va pas de même pour Lydia : arrêtée une première fois par Drummond (Jack Mower) elle s’en était sortie en l’achetant, c’est ce dernier qu’elle fauche dans une course-poursuite qui n’était pour elle qu’un jeu.

 

Mais de ce fait divers somme toute banal où la jeune femme est punie pour son inconséquence, Cecil B. DeMille tire un film tout aussi magnifique que le précédent susnommé. En trois temps, DeMille nous fait découvrir la chute d’une personne, son procès et sa réhabilitation (2), le tout avec une histoire d’amour forte mais difficile, voire compliqué.

En effet, cette belle jeune femme aime Daniel J. O’Bannon (Tom Meighan) et est aimée de lui en retour. Jusque là rien de bien terrible, mais quand on sait que ce monsieur est avocat général et que c’est lui qui la fait condamner à la prison, on découvre la complexité – brillante – du scénario de la complice de Cecil B. : Jeanie Macpherson.

En plus de Jeanie Macpherson, on retrouve plusieurs stars qui n’en sont pas à leurs dé »buts avec Cecil B. Outre Leatrice Joy, Thomas Meighan et Jack Mower, on peut reconnaître Julia Faye ou encore Sylvia Ashton, et même Carrie Clark Ward, toujours aussi photogénique !

 

On retrouve en outre des éléments de Male & Female (encore une fois), avec une reconstitution de la Rome antique (en deux temps) où Lydia est toute puissante et règne sur une orgie mâtinée de débauche dans le plus pur style demillien. Ce sont des corps lascifs qui s’ébattent, des convives qui abusent de l’alcool. Il va sans dire que ces excès seront punis par l’invasion des barbares et une nouvelle séquence de sexe et de violence (3).

On retrouvera le même genre de reconstitution dans Les 10 Commandements, film qui sortira l’année suivante, pendant l’épisode de l’Adoration du Veau d’Or.

 

Le film est alors une suite de séquence magnifiquement cadrées par l’indispensable Alvin Wyckoff (entre autres), usant de nombreuses techniques (gros plans, fondus, surimpressions…) avec un jeu d’éclairages qui rappelle Forfaiture : la mort de Drummond ; les barreaux de la cellule de Lydia qui sont projetés en ombre sur le mur et que cette dernière tente en vain d’effacer. Bref, c’est magnifique.

 

Bien sûr, puisque nous sommes chez DeMille, la morale triomphe toujours, au-delà même de ce qui aurait pu réellement se passer : nous sommes au cinéma et tout est possible. Il n’empêche que le découpage est précis et ô combien pertinent.

On assiste graduellement à la déchéance de la belle Lydia, victime de son égoïsme qui ne lui permet pas de voir la détresse de sa servante Evans (4), qui vole pour essayer de sauver son fils. C’est la seconde étape de sa déchéance après la corruption.

Le dernier pallier est donc la mort de Drummond, qui la fait descendre au plus bas, mais, et c’est là qu’est l’intérêt du film, c’est une fois à terre qu’elle se rend compte du mal qu’elle a fait, et qu’elle se consacre (enfin) aux autres, aidée par Evans qui est dans la même prison.

Il est d’ailleurs subtile de noter que c’est alors qu’elle voulait aider le fils d’Evans qu’elle a cet accident ; on peut y voir sinon un début d’altruisme, plutôt une résonnance du proverbe : « l’Enfer est pavé de bonnes intentions ». Et ceci est tellement vrai que même O’Bannon lui promet l’enfer avec le procès qui commence.

 

Mais alors que Lydia se rachète, avec et grâce à Evans, O’Bannon pour sa part, décline et sombre dans l’alcool (5), abandonnant son poste d’avocat. Plus Lydia va s’approcher de sa Rédemption, plus O’Bannon va sombrer, terminant à la soupe populaire. Il n’assume pas la condamnation de Lydia, endurant la peine de son enfermement.

Mais pour lui aussi, la Rédemption arrivera, naïvement peut-être, mais malgré tout sincèrement, malgré un léger coup de théâtre de dernière minute, fomenté par le gouverneur Albee (John Miltern), rattrapé par les estimations défavorables des élections à venir.

 

Alors tout est bien qui se termine (presque) bien, un peu comme dans toutes les histoires de Cecil B.

 

  1. Aka Arakau (Sessue Hayakawa) est ignoble et sadique.
  2. Rédemption, rédemption…
  3. Coucou, professeur Allen John !
  4. qui jouait l’année passée dans Miss Lulu Bett de William C. DeMille, le frère de…
  5. Prohibition oblige, quand il désire se procurer de l’alcool, le barman est réticent, croyant à un piège de l’avocat.

 

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