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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Michael Curtiz
Casablanca (Michael Curtiz, 1942)

Casablanca, début décembre 1941.

Au café de Rick, on croise de tout : des réfugiés, des policiers, des résistants.

Et bien sûr, Rick. Le café américain de Rick est le creuset de Casablanca, où toutes les nationalités se croisent et survivent, en attendant un hypothétique avion qui les emmènera vers les Etats-Unis, via Lisbonne.

Et Rick est à l’image de l’Amérique : il ne veut pas s’engager. Il reste à l’écart et regarde le monde devenir fou autour de lui. Jusqu’au jour où elle arrive. Elle, c’est Ilsa (Ingrid Bergman). Rick l’a connue, l’a aimée, l’a perdue.

Et ce jour-là, elle est revenue. C’est Sam, le pianiste (Dooley Wilson) qui l’a vue le premier.

Et elle chamboule la vie de Rick. C’est elle – sans le vouloir – qui le fait renouer avec son passé engagé (trafic d’armes en Ethiopie, Brigades internationales en Espagne).

Rick ne cache pas (complètement) ses convictions : apprenant la mort de deux soldats allemands du fait d’Ugarte (Peter Lorre, superbe), il ne dissimule pas sa satisfaction.

Malgré la période de l’intrigue, nous sommes dans une sorte de vaudeville : un ménage à trois qui ne veut pas dire son nom. Mais nous sommes aussi dans le mélodrame, puisque leur amour est sacrifié au bien général.

Mais de quelle façon. Nous sommes au-delà du mélo : Curtiz transforme ce qui n’aurait pu être qu’une banale histoire d’amour retrouvé en tragédie antique, où le devoir l’emporte sur la passion. Les plans, et l’éclairage donnant une autre dimension aux ressentis des personnages, avec parfois un léger flou qui retranscrit les sentiments des protagonistes.

Nous touchons au sublime.

L’autre force de ce film, c’est sa distribution :

  • Humphrey Bogart est, comme d’habitude, parfait. Son personnage n’est pas un dur-à-cuire comme Sam Spade ou plus tard Philip Marlowe. C’est ici un homme qui a vécu, mais qui peut être faillible : ses reproches à Ilsa sont acerbes, remplis de l’amertume de l’avoir perdue. Il représente les Etats-Unis. Sa position évolue jusqu’à s’impliquer dans une histoire qui, à l’origine, n’est pas la sienne. Ce que feront les Etats-Unis après l’attaque de Pearl Harbour (7 décembre 1941).
  • Ingrid Bergman est sublime. Elle est belle et joue avec beaucoup de justesse cette femme tiraillée entre deux hommes qu’elle aime, chacun à se façon : l’un avec passion, l’autre avec raison. [et puis elle est tellement belle !]
  • Claude Rains est le personnage double par excellence. Il est magnifique de duplicité : d’un côté il suit les ordres de Vichy, alors que de l’autre, il méprise les Allemands. Son personnage d’officier français au képi de travers, comme le canotier de Maurice Chevalier est formidable de rouerie : il fait fermer le café de Rick car il a appris qu’on y jouait. Mais il empoche quand même ses gains avant de partir ! De plus, son nom étant le même que le fondateur de la régie du même nom – collaborateur économique notoire – n’a pas été choisi par hasard.
  • Conrad Veidt, enfin, est l’officier nazi par excellence. Il est distingué, racé, mais impitoyable. Il joue encore avec Bogart, après All through the Night de Vincent Sherman, ainsi qu’avec Peter Lorre, et encore une fois le méchant teuton. Ce fut pour lui, son avant-dernier rôle.
  • Et les autres : Marcel Dalio (Emile le croupier), Madeleine Lebeau (Yvonne), John Qualen (le résistant), Szőke Szakáll (Karl, le serveur) ou encore Leonid Kinskey (Sascha, le barman) apportent par leur présence une touche crédible voire humoristique ainsi qu’un cadre à cette histoire d’amour malheureuse.

Deux grands moments musicaux, enfin.

  • As time goes by, interprétée par Dooley Wilson, sur l’insistance d’Ilsa. C’est leur chanson, à Rick et elle. Et cette chanson fut interdite le temps de leur séparation. Elle symbolise le temps qui passe (pas seulement du fait de son titre). C’est le temps de l’insouciance, de la vie parisienne. N’en déplaise à Woody Allen, jamais il n’est dit « play it again, Sam. »
  • La Marseillaise, l’autre grand moment du film (avec les adieux). C’est à l’origine pour couvrir la chanson interprétée par les soldats allemands. Rapidement, elle devient un lien entre tous les Français présents (même ceux qui pouvaient osciller), fédérés par le courage de Laszlo (Paul Henreid). Il s’agit ici de l’une des plus belles interprétations de cette chanson. [L’autre, c’est dans La grande Illusion] Une grande émotion, alors, nous envahit.
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