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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Peter Weir, #Policier

Avec Peter Weir, on assiste toujours à un passage. Et ici, ça ne rate pas.

Rachel (Kelly McGillis, superbe) vient de perdre son mari Jacob. Elle reste seule avec son fils Samuel (Lukas Haas), et son beau-père Eli (Jan Rubes). A première vue, on pourrait se croire dans une famille juive. Pas du tout. Nous sommes chez les Amish, une communauté sectaire de Pennsylvanie.

Ce sont des gens extrêmement religieux qui vivent comme à la fin du XVIIème siècle. Alors évidemment, c’est assez arriéré.

Rachel doit se rendre à Baltimore. Donc, prendre le train. Passer d’un monde à l’autre. Arrivée, avec Samuel, à Philadelphie, elle apprend que son train a du retard. Alors ils attendent. Plusieurs heures. Et Samuel a une envie naturelle. Au moment de sortir, il assiste au meurtre d’un policier. Il sera le témoin : « witness ».

John Book (Harrison Ford, toujours impeccable) est policier, c’est lui qui dirige l’enquête. Mais rapidement, il sait – grâce à Samuel – que c’est un autre policier qui a tué. De ce fait, il devient lui aussi une cible et va se cacher – et se remettre d’une blessure – dans la communauté amish. A son tour, John Book passe d’un monde à l’autre.

Mais si Rachel emprunte l’autre monde – le nôtre – parce qu’elle ne peut faire autrement, Book, pour sa part va s’immerger dans ce monde anachronique. A partir de ce moment, peter Weir va faire passer ses deux personnages principaux d’un monde à l’autre.

C’est John Book qui va – consciemment ou non – faire passer Rachel dans la fin du XXème siècle. C’est une publicité pour le café, la voiture ou la chanson What a wonderful World de Sam Cooke qui permettent cette échappée. A chaque fois, cette bouffée d’air frais est chassée par Eli, garant de l’ordre amish, l’« Ordnung ».

Mais le poids culturel est très lourd, et jamais John ou Rachel ne passera définitivement de l’autre côté. La scène montrant le mieux cet état de fait étant celle où John parle à Rachel à travers le grillage du poulailler : la séparation est très fine, mais on ne peut la franchir.

L’autre composante importante du film, peut-être primordiale, c’est le regard.

Celui de Samuel, devant le monde nouveau qui s’ouvre à lui : la gare de Philadelphie devient un lieu étonnant avec sa statue d’ange. Ce même regard naïf qui lui fait assister à une mort violente particulièrement atroce pour un petit garçon innocent.

Celui de Rachel ensuite, dégoûtée, intriguée, puis conquise par cet « Anglais » pour qui la violence est le quotidien.

Celui de John enfin, décalé par rapport à ce monde archaïque. Mais son regard s’intensifie quand il se pose sur Rachel.

Et les adieux entre les deux adultes sont muets. Seuls les regards sont expressifs et nous dispensent un quelconque discours, de toute façon impossible, leurs mondes étant trop différents.

 

Au début, le témoin, c’est Samuel. Mais en fin de compte, ce rôle échoit à John dans ce monde qu’il ne connaît pas.

Mais John n’a pas seulement un rôle de témoin. Il ne fait pas qu’observer, il participe aux activités communautaires (non religieuses). Il subit une sorte de rite.

Mais l’épreuve de passage – la plus importante – il la rate : il refuse de coucher avec Rachel. Il reste dans son monde et la laisse dans le sien.

 

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