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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Walt Disney, #Clyde Geronimi, #Dessins animés
Education for Death: the Making of the Nazi (Clyde Geronimi, 1943)

Moins d'un an après Der Fuehrer's Face, les studios Disney nous proposent un nouveau film de propagande. Mais cette fois-ci, le choix est didactique et le ton sérieux, même s'il subsiste tout de même une pointe de comique.

Cette « éducation à la mort », c'est celle qu'ont subie les jeunes allemands pendant les « années de chien », entre 1933 et 1945.

Nous suivons le destin d'un jeune Allemand - Hans - de sa naissance à sa future mort sur le champ de bataille.

Dès le début, le ton est donné : si les parents nous semblent normaux, voire un peu timorés, quand ils viennent déclarer la naissance de leur enfant, l'officier d'état civil, lui est l'archétype du nazi utilisé pendant tout le film. Grand, imposant, épais, et le verbe fort et même colérique. Il a la même façon de s'exprimer que Hitler pendant ses discours : on sent percer de l'énergie, ainsi que de la fureur (c'est le terme, non ?), voire de l'agressivité. Mais ce que le narrateur (Art Smith) entend souligner, c'est les critères de la déclaration de naissance : être capable de justifier son ascendance « pure », choisir un prénom qui n'est pas dans la liste des proscrits  - prénoms « juifs », ainsi que Ivan (trop slave) et Winston (trop Churchill).

Mais ce qui impressionne déjà, et cela continuera de la même façon pendant tout le film, c'est la façon dont est traité le personnage identifié comme nazi. Ce n'est pas vraiment un homme, ou un surhomme. C'est une ombre qui a pris corps, dans un uniforme militaire, une croix gammée au bras gauche. Cette ombre, comparée aux parents craintifs, est démesurée. Elle renforce l'effet de puissance de ce régime. En prime, le cadeau de naissance fait par l'administration : un exemplaire du « best-seller allemand » (Mein Kampf).

La première chose que les enfants allemands apprennent, c'est que Hitler, prince charmant de tout un peuple, a réveillé l'Allemagne, endormie par une méchante sorcière démocrate, d'un baiser. Cette allégorie est certainement le moment le plus comique du film. Mais vu le contexte, on se contentera de sourire. L'Allemagne est réveillée au son de la Chevauchée de la Walkyrie de Wagner (bien entendu) : il s'agit d'une grosse femme blonde qui porte un casque à cornes. Elle tient à la main une chope de bière vide. Elle a tout de la caricature de cantatrice interprétant Krimhild chez Wagner. Evidemment, Hitler, dans son armure étincelante, a du mal à la porter sur son cheval...

Mais la naissance n'était que le premier pas d'un long parcours destiné à endoctriner puis formater les enfants, afin d'en faire de bons petits soldats nazis bien obéissants.

L'enfant grandit. Il est malade. Qui vient le visiter ? L'Etat nazi, par l'intermédiaire d'une de ses brutes, mi-homme, mi-ombre, qui vient menacer la famille devant ce témoignage de faiblesse dans un pays fort. Là encore, c'est un poing qui s'abat sur une porte, une ombre démesurée et menaçante sur un mur.

Puis vient l'école, où l'enfant apprend qu'il n'y a de place que pour les forts, les faibles étant condamnés à disparaître de par leur nature. Encore une fois, un nazi vociférant est présent, un peu moins ombre, un peu plus homme, mais toujours virulent et agressif. L'enfant n'a d'autre choix que d'obéir et de changer son point de vue naturel pour se conformer à un régime et une idéologie. L('école est encore un e fois l'occasion de glisser une pointe d'humour dans ce film bien sombre. Les portraits (caricatures) de Hitler, Goering et Goebbels évoluent en fonction de ce que pense le petit Hans. A noter que les médailles de Goering sortent du cadre et que Goebbels, du fait de sa petite taille n'occupe qu'un quart de son cadre.

La dernière partie de l'éducation est certainement la plus belle à voir. Non pas pour ce qu'elle nous raconte, mais bien pour la façon dont c'est montré : des rouges flamboyant (normal, le feu tient un grand rôle dans cette partie, des ombres encore plus menaçantes et les changements de la société allemande depuis l'instauration du régime nazi. Ce ne sont que flambeaux qui défilent et brûlent ce que Hitler et compagnie considéraient impurs, voire dégénéré : sont alors brûlées les œuvres de Voltaire (trop démocrate), Spinoza, Einstein (trop juifs), et d'un certain Ma(rx?) pour les écrivains, Mendelssohn (trop juif lui aussi, et aussi très déconsidéré par Wagner) pour les musiciens. Ces autodafés n'ont pour but que de formater cette jeunesse : ils ne doivent voir qu'un objectif (des œillères apparaissent sur le visage de Hans, devenu adulte), ne doivent rien dire (une muselière apparaît), doivent obéir aveuglément (il porte maintenant des chaînes).

Son éducation à la mort est terminée. Ou plutôt son éducation vers la mort !

Je vous laisse découvrir le plan final, magnifique résumé du résultat d'une telle idéologie.

 

 

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