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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Jacques Tati
Jour de Fête (Jacques Tati, 1949)

Oui, c’est jour de fête à Sainte-Sévère-sur-Indre (36).

On installe le grand mat avec son drapeau tricolore, les forains arrivent et s’installent.

Et la fête a lieu.

Le lendemain, on démonte tout, et les forains repartent.

 

En fin de compte, on voit très peu de chose de la fête elle-même : l’annonce du garde-champêtre, des stands, un manège de chevaux de bois, une fanfare, et des décorations…

Non, l’intérêt est ailleurs. Et surtout, il a pour non François (Jacques Tati), et est le facteur attitré de la commune. François est un bon gars, il n’a certes pas inventé la poudre mais tout le monde l’aime bien.

Et en même temps que la commune, ça va être la fête de François, surtout avec les forains Marcel (Paul Frankeur) et Roger (Guy Decomble), qui vont gentiment se moquer de lui et réformer sa façon de travailler.

Pour le reste, c’est toute une époque que nous entrapercevons dans cette fête villageoise.

De quelle fête s’agit-il ? Ca pourrait être celle de moissons ou n’importe quelle autre fête estivale, mais ce n’est pas important, c’est ce qui s’y passe qui nous intéresse.

On y voit les gens arriver dans leurs habits du dimanche, les jeunes filles en robes de couleurs, Roger, à la loterie, qui bonimente, entre deux réflexions de sa femme (Santa Relli) qui voit d’un mauvais œil ses penchants pour une des jeunes filles de Sainte-Sévère… Et les clients du café, qui boivent ou qui dansent aux sons d’un piano mécanique capricieux.

 

Et au milieu de tout ce monde, donc, François, le facteur et son vélo auquel est accroché un grelot qui ne cesse de tinter. François est un facteur « à l’ancienne », qui rencontre les gens pour leur donner leur courrier. Il sait aussi prendre le temps de s’arrêter boire (au moins) un coup. On se moque gentiment de François, mais il n’est pas méchant. Par contre, le lendemain de la fête, c’est un François métamorphosé qui entreprend sa tournée : elle sera « à l’américaine ».

Cette tournée est, bien entendu, le grand moment du film, même si les autres séquences apportent leur lot de nostalgie et d’humour. De nostalgie pour nous, spectateurs du XXIème siècle. Nous savourons cette chronique rurale où les gens prenaient le temps de vivre. Et qu’on le veuille ou non, il y a aussi cette nostalgie chez Tati : ce besoin de prendre le temps cde vivre. Car au bout du compte, François a-t-il vraiment besoin de faire sa tournée au triple galop ? Certainement pas. Tati reprendra cette aspiration de prendre le temps, de ne pas avancer trop vite dans la modernité, dans ses films suivants où monsieur Hulot sera un véritable héraut du « bon vieux temps »…

 

Et puis il y a l’humour. Pour la première fois, Tati réalise un long métrage. Et sa base de travail, c’est un court-métrage qu’il a tourné précédemment, L’Ecole des facteurs, et son personnage principal François. Mais ici, il met son facteur dans un contexte : le village et sa fête. Alors que tout le monde est à la fête, lui travaille – ce qui ne l’empêche pas d’en profiter…

 

Il y a chez Tati un retour à l’humour burlesque des premiers comiques du cinéma. Il était un grand admirateur des Chaplin (qu’il prononçait à la française : [ʃaplɛ̃]) et autres Keaton ou Lloyd, et son humour est le plus souvent visuel. Les dialogues sont brefs : on ne fait pas de grandes phrases, et le plus souvent, ce qui est dit est peu audible, voire carrément inaudible.

Par contre, la bande-son est importante, permettant entre autre un gag récurrent : la mouche (abeille ? guêpe ?) qui importune ceux qui passe sur son chemin (toujours le même).

De plus, Tati a une propension à partager avec Chaplin (prononcez-le comme vous voulez) une fin en demi-teinte. ON ne peut pas parler de fin heureuse, mais ni malheureuse.

Le film, c’est un instantané de l’après-guerre française, quand les gens retrouvaient leur mode de vie et profitaient à nouveau des plaisirs de la vie, dont la fête du village était un grand événement.

Pendant 1 heure 15, nous avons voyagé dans le temps et mis en vie une de ces vieilles cartes postales aux couleurs passées. Car, depuis 1995, Sophie Tatischeff – la fille de – a restauré le film « en couleurs » (procédé thomsoncolor d’origine), comme l’avait voulu son père.

 

Mais malgré ces couleurs retrouvées, on reste toujours dans cette époque, loin du bruit et de la vitesse de la vie moderne qui guette : une des rares voitures qui circule est non seulement trop rapide, mais aussi très bruyante.

Deux grands défauts dans l’univers de Tati…

 

PS : C'est un enfant qui ouvre le film, sautillant derrière les chevaux de bois dans la remorque. Ce sera a nouveau cet enfant qui accompagnera de la même façon la caravane des forains qui repartent vers d'autres horizons.

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