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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Nicolas Vanier
L'Ecole buissonnière (Nicolas Vanier, 2017)

Et puis Nicolas Vanier a filmé les hommes.

 

On connaît le documentariste, moins le cinéaste de fiction. Bien sûr, il y a eu Belle et Sébastien, mais ce n’était pas du Vanier, à l’origine. Tandis que là, en plus d’avoir réalisé, il a coécrit le scénario avec Jérôme Tonnerre, mais tiré tout de même de son roman.

Alors il a gommé l’histoire algérienne et le père réquisitionné là-bas, et a tout déplacé en Sologne, il y a quatre-vingt-dix ans : en 1927.

Si 1927 est une année en or pour le cinéma, c’est aussi l’année où le petit Paul (Jean Scandel) est retiré de l’orphelinat par Célestine (Valérie Karsenti) pour vivre chez elle et Borel (Eric Elmosnino).

Il faut dire qu’à côté de l’orphelinat, la Sologne, c’est avant tout la liberté.

Alors évidemment, si on parle de liberté, on est obligé de mentionner Totoche (François Cluzet), le braconnier attitré à la région et surtout aux terres du comte de la Fresnay (François Berléand).

 

Si le titre renvoie au film de Jean-Paul Le Chanois, il est tout de même plus proche du Ni vu ni connu du grand Yves Robert.

En effet, on y trouve la rivalité inutile entre le garde-chasse et le braconnier, mais avec le réalisme remplaçant la farce.

Certes, Borel est à son tour le cocu de l’affaire (1), mais s’il n’est pas magnifique, il en est tout de même et avant tout humain.

 

Alors pas de jeu du chat et de la souris, ça ne sert à rien, mais plutôt une initiation : celle de Paul qui passe de l’un à l’autre avant de rencontrer la personne qui va changer sa vie : le comte (François Berléand).

C’est un homme fini, prisonnier de sa culpabilité et obligé de supporter son fils (Thomas Durand, haïssable à souhait, donc un personnage indispensable et un jeu qui l’est tout autant), un oisif qui n’a jamais rien fait de sa vie, à part dépenser son héritage (par anticipation). Alors évidemment, quand Paul débarque dans sa vie… Mais je vous laisse la surprise (2).

 

Mais si l’histoire est un tantinet convenue, le film n’en demeure pas moins très généreux. C’est une belle histoire qui renvoie à d’autres (Les Enfants du marais, par exemple), où le temps s’arrête le temps d’un été, d’un weekend, d’un après-midi. Mais même si l’intrigue commence à Paris, jamais nous ne voyons la ville. Paris, c’est un bâtiment où sonne Célestine, et le reste de la civilisation, c’est un train à vapeur perdu dans une ligne forestière.

 

Et puis surtout, Nicolas Vanier fait évoluer son histoire et ses acteurs dans une magnifique Sologne, immaculée de la présence humaine malgré les intentions du fils indigne, et nid d’une faune merveilleuse.

On retrouve dans les paysages la caméra du documentariste animalier, mais avec les contingences humaines nécessaires au développement de l’écosystème. Si le braconnier est féru d’animaux et sait reconnaître chacun d’eux de vue ou d’ouïe, il n’en demeure pas moins un chasseur-pêcheur tirant le meilleur parti du milieu dans lequel il ne fait pas que chasser : il y vit aussi.

 

Alors oui, on peut s’offusquer de la chasse à courre (3) donnée par le Comte après un « 18 cors », mais on ne peut que garder sa sympathie envers ce vieil homme qui n’a plus qu’un seul rêve depuis que sa fille est partie (4) : chasser ce 18 cors, cette légende que seul Paul - et l’institutrice (Murielle Huet des Aunay) – n’a vu, perpétuant sa légende : un 18 cors, allons !

Alors laissez-vous entraîner dans cette Sologne idéale, pas encore dénaturée par les hommes, avec ses espèces magnifiques.

 

Magnifiques, mais pour combien de temps encore ?

 

  1. Dans tous les sens du terme.
  2. Si vous croyez aux surprises…
  3. Je ne chasse toujours pas, et il y a bien longtemps que j’ai pêché (et pas par omission…)
  4. Elle est morte, douze ans plus tôt.

 

 

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