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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Stanley Kubrick
2001, l'Odyssée de l'espace (2001, a space Odyssey - Stanley Kubrick, 1968)

Le silence de l’espace, seulement troublé par la musique des Strauss (Johann & Richard), de György Ligety et même d’Aram Khatchatourian.

C’est l’espace de Kubrick, celui où aucun son ne se répercute, où chaque astronaute n’entend que sa respiration. Mais c’est surtout l’espace tel qu’il est où les explosions ne sont que visuelle et qui fera dire à Ridley Scott une dizaine d’années plus tard : dans l’espace personne ne vous entendra crier.

 

En 1968, quand sort le film, les spectateurs étaient plutôt habitués à voir des films de science fiction de série B (voire plus loin dans l’alphabet), où de méchants extra-terrestres à la forme humanoïdes venaient embêter les gentils Terriens.

Alors quand Kubrick présente son film, c’est une véritable révolution dans le cinéma de genre : on peut faire un film qui se déroule dans l’espace sans tomber dans le ridicule.

 

Kubrick, pour réaliser cette « odyssée » s’est entouré de techniciens hors pair – dont l’inévitable (depuis) Don Trumbull – pour donner une majesté au film accentuée par la musique des deux Strauss : l’aube se lève sur Ainsi parlait Zarathoustra (Richard) et la station orbitale tourne sur les accords du Beau Danube bleu (Johann). Une idée absolument géniale : croiser deux genres (futuriste & musique classique) tellement éloignés l’un de l’autre et qui pourtant se complètent à merveille.

 

Ensuite, il y a la présence des extra-terrestres. C’est le premier choc qu’éprouve le spectateur devant ces grands monolithes rectangulaires. Ils n’ont aucun système vital identifiable, ni membres mobiles. Ce sont des êtres vivants (?) qui se rapprochent plus de l’entité voire du concept (essence) que les créatures qui nous étaient proposées les années précédentes (et encore maintenant, cela va sans dire).

Ces éléments (1) sont pourtant actifs : dans le premier âge exploré, on aperçoit des primates qui vont évoluer au contact du monolithe. Reste à savoir si cette évolution est bénéfique puisque l’outil « inventé » va surtout permettre de tuer : pour manger, pour attaquer.

S’ensuit alors la plus célèbre ellipse temporelle (quelques millions d’années en quelques secondes) du cinéma : l’os jeté en l’air tournoie et se métamorphose en vaisseau spatial au large de la Terre.

 

Mais passons à la deuxième époque : 1999 puis 2001. Il semble que les hommes aient retrouvé la trace de leur préhistorique mentor : une plaque a été retrouvée sur la Lune. Et l’expédition finale - dirigée par David (Keir Dullea) et Frank Poole (Gary Lockwood) assistés d’un ordinateur à l’intelligence artificielle extrêmement avancée (2) – n’est possible que parce qu'on a intercepté des vibrations similaires autour de Jupiter.

Mais en arrivant à Jupiter, c’est autre chose que trouvera David, une espèce de voyage vers l’infini et au-delà comme dirait quelqu’un…

 

C’est cette deuxième expédition, cette odyssée finale, qui fait tout le sel du film et nous propose les images les plus fabuleuses. On y suit les mésaventures de David et Frank aux prises avec Hal, aux accents torturés de la musique de Ligety. C’est d’ailleurs ce même style de musique qu’on retrouvera dans un autre film de Kubrick aux personnages eux aussi torturés : Shining.

Le film de Kubrick tranche aussi avec l’action qui s’y déroule. Les spectateurs (d’avant et de maintenant aussi) n’ont pas beaucoup l’habitude d’un rythme aussi lent pour un sujet aussi fascinant (3). Et pourtant, le rythme adopté ici est le bon : le mouvement gracieux et continu du corps de Frank qui flotte dans l’espace en est une très belle illustration, rappelant la station orbitale du début. Mais la musique de Strauss (Johann) n’est plus d’actualité : entre temps, le superordinateur est devenu fou. Ou quelque chose qui s’en rapproche (4). Les efforts de David pour le neutraliser deviennent passionnants, Hal perdant de son intelligence et de sa voix en fonction des circuits qui sont débranchés, donnant un caractère pathétique à la scène qui se déroule.

Mais il y a une force maléfique dans cet être numérique dont la froideur n’a d’égal que celle de l’espace autour du vaisseau. Hal n’est qu’un œil, immobile malgré son grand empan visuel. C’est l’un des tueurs les plus terribles du cinéma : son œil – artificiel, évidemment – exprime encore moins qu’un regard humain vide. Le parti pris de Kubrick de filmer cet œil en gros plan accentue le caractère maléfique et redoutable de cette machine, qui semble avoir été trop bien conçue, atteignant (artificiellement) la folie que peut éprouver un esprit humain. Glaçant.

 

Et puis il y a le dernier voyage, celui qu’on entreprend toujours seul. Mais si on peut parler de la mort d’Hal, il est difficile d’en dire autant pour David.

C’est un voyage au bout de la nuit spatiale, au bout de l’infini, terminant le film sur une note irréelle voire surréelle. Ce sont des images naturelles saturées de couleurs primaires et complémentaires, entrecoupés par le visage ou l’œil de David, vivant avec  un grand sentiment d’effroi ce voyage au bout de cet infini qui, tel l’horizon, ne cesse de reculer.


Quant à la dernière image, je vous la laisse, telle quelle, en face de vos interrogations (5)

 

  1. Il est difficile de les définir comme des êtres vivants, vous en conviendrez.
  2. Cet ordinateur est tellement en avance sur son temps que les lettres qui le définissent ont un rang d’avance sur le géant de 1968…
  3. Il faut dire que Star Wars est passé par là…
  4. Difficile de se prononcer dans le cas d’une intelligence artificielle.
  5. (re)voyez le film.
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