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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Daniel Ragussis, #Société
Imperium (Daniel Ragussis, 2016)

Tout commence par une citation – « Words build bridges into unexplored regions » (1) – qui nous semble plutôt intéressante. Mais quand on lit son auteur, s’arrête tout de suite la pseudo-naïveté ressentie : Adolf Hitler.

Dès lors, c’est une sorte de plongée en enfer, au milieu de ces groupuscules d’extrême droite américaine, chez les infâmes suprémacistes américain.

Nate  Foster (Daniel Radcliffe) est un agent du FBI infiltré dans un groupuscule de skinheads. Rapidement, il va se faire connaître auprès des responsables, jusqu’à en arriver à la préparation d’un attentat.

 

Bien sûr, c’est Daniel Radcliffe qui nous intéresse ici : que devient Harry Potter après la fin de la saga ?

Et bien il continue son chemin et s’en tire honorablement dans ce rôle de skinhead malgré lui.

Dans ce rôle il interprète un agent plutôt timide, dont les compétences semblent plus intellectuelles que physiques. Mais comme le dit sa responsable Angela Zampano (Toni Collette), il ressemble à une victime, tout comme se considèrent les gens qu’il doit infiltrer.

 

Nous avons alors un exposé des différents niveaux de la haine xénophobe : des petites frappes de rue qui carburent à la bière et aux intimidations, jusqu’aux véritables leaders de cette mouvance, des notables aux professions honorables, qui semblent tout de même peu touchés par ce qu’ils dénoncent.

Cette plongée a tout de même le mérite de dénoncer un terrorisme qu’on a tendance à rarement qualifier comme tel : on préfère toujours parler de déséquilibré plus ou moins dépressif quand un de ces membres  (très) actifs passent à l’acte.

 

Mais Daniel Ragussis (dont c’est seulement le 3ème film) est bien clair là-dessus : ces criminels sont aussi dangereux que les différents djihadistes qu’on a pu – hélas – voir à l’œuvre, de Paris à Bruxelles ou de New York à Bombay. Mais alors que les islamistes ont des manières très secrètes, il n’en va pas de même de ces individus haineux : c’est à visage découvert qu’ils manifestent, ce qui inquiète moins les autorités, car on a tendance çà considérer que ceux qui parlent beaucoup ne passent que rarement du côté obscur.

On retrouve donc dans l’agent Zampano une personne qui est en butte à ses supérieurs voire ses collègues, seule contre ceux qui considèrent que la menace n’est pas intérieure.

Pourtant, l’actualité a tendance à lui donner raison car nombre d’attentats meurtriers ont touché des communautés dénoncées par ces suprémacistes : Juifs, gens de couleur et homosexuels.

S’ajoute à cela le droit d’être armé – droit remontant à la période de conflit avec l’Angleterre, du temps de la Révolution américaine – qui n’est pas sans ajouter d’autres risques meurtriers comme encore une fois on entend parler à propos de fusillades dans des lieux publics (université, bars...).

 

C’est une exposition très complète des différentes pratiques de ces milieux néonazis américains qui nous est ici présentée, avec un Daniel Radcliffe très convaincant dans ce rôle ambigu : où s’arrête l’infiltration et donc où commence la conviction ?

Les différentes attitudes de Nate dans ces rassemblements vont bien sûr à l’encontre de ses convictions, mais quand le service ordonne, on peut difficilement se soustraire. Et on peut se demander plusieurs fois s’il n’est pas passé de l’autre côté.

Et c’est là que le bât blesse dans le film.

On assiste à différents moments où Nate est soupçonné par ceux qu’il a infiltrés, et à chaque fois il arrive à s’en sortir – cela n’a rien d’invraisemblable, sa formation et son intelligence sont des atouts pour lui.

Mais il manque un élément qui me semble important dans cette infiltration que mène Nate : son ressentir.

On comprend qu’il répugne à avoir certaines attitudes (son ami noir qui le retrouve parmi ces nazillons et qu’il insulte), mais Ragussis (et le scénario) ne s’appesantissent pas sur ses doutes, ses craintes et son ressentir sur ce qu’il a pu dire ou faire.

Ces moments de solitude où il devrait faire le point me semblent indispensables dans une telle expérience.

 

Quant à la fin, la dernière réplique est finement placée pour amener un questionnement chez le spectateur, et d’une certaine façon rejoint le postulat initial (voir plus haut).

On retrouve dans cette réplique un basculement final comme ceux qu’on peut trouver chez Roald Dahl. Alors que ce dernier nous laisse sur une fin qui amène un sourire, ici il n’y a rien de drôle et le film se conclut sur une teinte pessimiste : ce fléau haineux n’est pas près de disparaître.

 

 

(1) « Les mots créent des passerelles vers des régions inexplorées ». J’espère que cette traduction vous agrée, cher Professeur Allen John.

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