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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Péplum, #Mervyn LeRoy
Quo Vadis (Mervyn LeRoy, 1951)

Cinquième adaptation du roman d’Henryk Scienkiewicz (1), il s’agit très certainement, avec celle d’Enrico Guazzoni, de la plus connue. C’est aussi la seule produite à Hollywood, bien que tournée en partie en Italie, comme de bien entendu.

Mais le film de LeRoy a aussi la particularité de remettre au goût du jour le péplum (2), annonçant toute une série de films « antiques » dont les incontournables Dix Commandements (1956) ou encore Ben-Hur (1959).

Il ne manque au film que le format large qu’on retrouve dans les deux films susnommés.

 

Mais reprenons.

Marcus Vinicius (Robert Taylor)  revient de campagne, triomphateur, et est accueilli chez Aulus Plautius (Felix Aylmer), un ancien général romain. Chez Plautius, il fait la connaissance de la belle Lygia (Deborah Kerr) dont il tombe tout de suite amoureux.

Lygia n’est pas insensible au charme du beau Marcus (3).

Seul (pas si) petit problème : elle est chrétienne.

Si on ajoute à cela que l’intrigue se situe pendant le règne de Néron (Peter Ustinov), on imagine aisément les complications qui vont advenir pendant les 171 minutes (4).

 

Tout de suite, on pense au Signe de la Croix du grand Cecil B. Mais avec deux éléments importants : la couleur et le Code Hays. La couleur amène le flamboyant qui manquait un premier film, et la censure en retire des éléments de spectacle toujours très présents dans les films du maître : la violence et la nudité.

En effet, même si l’intrigue se termine bien, la démesure demillienne est l’élément dont l’absence se fait le plus sentir. Si les lions dévorent les chrétiens ou les Romains allument des brasiers pour ces derniers, le Code élimine d’entrée de jeu les détails qui donnaient une plus grande authenticité au film de 1932.
Quant à la nudité du film de DeMille, elle est ici totalement supprimée : l’orgie dans le palais de Néron ressemblant alors plus à un banquet sur des couches ; et Lygia, attachée au poteau pour son supplice, reste habillée (5).

 

Par contre, le Technicolor apporte à l’incendie de Rome une dimension spectaculaire qui rappelle, en plus grandiose encore, l’incendie d’Atlanta dans Gone with the Wind (1939). LeRoy nous dépeint ce terrible événement avec panache, le ciel s’embrasant dans une teinte rouge magnifique.

D’une manière générale, la couleur compense un peu l’absence des éléments visuels du film de DeMille.

 

Le dernier atout du film, c’est sa distribution. Outre les trois acteurs précédemment cités, on retrouve avec plaisir Finlay Currie (Pierre), qui deviendra l’un des acteurs incontournables de péplums, ainsi que Leo Genn dans le rôle de Pétrone, par ailleurs oncle de Vinicius.

Si Robert Taylor est un héros magnifique– il continuera à l’être dans les films suivants – et Deborah Kerr une belle Lygia, on peut tout de même regretter qu’elle ne soit ici qu’une belle actrice, alors que son répertoire de jeu est beaucoup plus étendu comme elle l’a montré dans Le Narcisse noir.

 

Mais la grande réussite du film, c’est Néron. Peter Ustinov est magnifique de bout en bout. Il nous offre une grande prestation de ce dictateur, passant de la colère aux larmes et inversement avec beaucoup de crédibilité. Ses envolées poétiques sont magnifiquement ridicules, et sa fin dramatique en devient pathétique, avec juste ce qu’il faut de talent pour reconnaître un grand acteur et pour se réjouir de la disparition d’un tel personnage. Ustinov, vingt ans après Charles Laughton, nous offre un Néron plus allumé, plus grandiloquent, mais surtout, il interprète avec brio cet empereur incendiaire (6), illuminé et cruel.

 

  1. Sur 7 à ce jour.
  2. N’oublions pas que DeMille n’a jamais délaissé le genre puisqu’il sortait, deux ans plus tôt, Samson & Dalila.
  3. Dans la VO, ViniCius se prononce avec un [k].
  4. En comptant les génériques.
  5. Ses habits sont toutefois plus des voiles qu’autre chose, mais toujours avec pudeur.
  6. Nous savons tous que ce n’est pas Néron qui a incendié Rome, mais quand Scienkiewicz a écrit le roman, c’était la version officielle.
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