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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Lewis Milestone
Pluie (Rain - Lewis Milestone, 1932)

Quatre ans après, revoilà Sadie Thomson.

Mais cette fois-ci, c'est Joan Crawford qui reprend le rôle, et en face d'elle, Walter Huston remplace Lionel Barrymore. Le tout dirigé par Lewis Milestone.

Alors oui, c'est la même histoire, mais avec quelques petits changements.

 

La pluie, déjà présente chez Walsh, est ici le déclencheur du film. C'est quand elle arrive que tout commence : arrivée du paquebot déposant les Davidson (Walter Huston & Beulah Bondi), les McPhail (Matt Moore & Kendall Lee) et Sadie, pour la plus grande joie des militaires de Pago-Pago, et surtout  de Tim O'Hara (William Gargan).

Mais alors que Gloria Swanson avait de la classe, Joan Crawford ne peut cacher ses origines : elle vient des bas quartiers de Frisco. Même si c'est à Honolulu qu'elle a essayé de chanter...

Dès son apparition, le ton est donné : d'abord, ce sont ses poignets garnis de bracelets, puis ce sont ses pieds, gainés de bas résille, dans des chaussures à talons hauts. Puis, c'est son visage : la cigarette aux lèvres, la moue dédaigneuse. C'est Sadie-Joan. Magnifique. [Elle apparaîtra à nouveau de la même façon dans la séquence finale]

Mais elle n'a pas le maintien de Swanson : c'est de toute évidence une fille de mauvaise vie : en plus de fumer, elle boit de l'alcool (la fin de la Prohibition n'interviendra pas avant avril 1933), et en plus directement à la bouteille ; et enfin, elle cherche la compagnie des hommes (surtout les militaires), même si elle n'a pas besoin de chercher bien loin...

Milestone reprend le même schéma que Walsh (sans toutefois apparaître), mais Huston, malgré son talent, n'est pas Barrymore. Il reste au niveau de son personnage et n'arrive pas à le transcender comme le faisait le grand Lionel. Oui Davidson est toujours un bigot desséché, mais il lui manque le petit plus qui faisait du précédent Davidson un être franchement abject et hypocrite. Même pendant sa descente aux enfers, il lui manque ce charisme barrymorien.

Mais le véritable intérêt de ce film, c'est la prestation de Joan Crawford. Elle campe une Sadie Thomson plus marquée : alors que Gloria Swanson, de par son allure et sa prestance laissait planer le doute quant à ses origines, ici, pas d'hésitation. Sadie est une ancienne prostituée. Elle en a l'allure, la tournure d'esprit, et surtout - grand changement par rapport à la version précédente - la voix. Le parlant s'est installé depuis et cela fait une grande différence. Mais cette différence ne sert pas toujours le film. En effet, disparue la folie naissante de Sadie qui la fait se raccrocher à Davidson comme à une bouée. C'est Davidson, qui, par sa répétition du Notre Père, la fait « entrer en religion ».

Et alors que Swanson n'avait fait que changer ses vêtements (une robe austère de type monacal), Crawford change aussi de coiffure : elle redevient la merveilleuse Joan qu'on a pu admirer dans Grand Hotel, ou l'Inconnu.

Encore une fois, malgré le changement dans son esprit, Sadie Thomson est encore plus belle, encore plus désirable. Et ce n'est pas Davidson qui me contredirait.


Au final, on parlerait plus d'un remake que d'une nouvelle adaptation, le son en plus. Mais si Joan Crawford confirme qu'elle est une grande actrice, la version de Milestone, malgré ses prises de vues recherchées, reste tout de même inférieure à celle de Walsh.

 

Et puis Gloria Swanson sera toujours Gloria Swanson !

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