Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Archie Mayo, #John Barrymore
Svengali (Archie Mayo, 1931)

Depuis le roman Trilby de George du Maurier (grand-père de Daphne), Svengali est passé dans le langage courant anglais pour désigner un individu manipulateur aux intentions mauvaises.

Et ici, Archie Mayo nous propose un archétype formidable de ce genre d’individu, campé par un John Barrymore au sommet de son art : grand, brun une longue barbe et un long nez, et surtout des yeux… Des yeux qui lui donnent un regard inquiétant. Un rôle à contre-emploi pour ce grand séducteur.


Svengali est un musicien : un orchestrateur, un professeur de chant et surtout un pianiste virtuose. Régulièrement, il passe chez ses voisins peintres pour leur jouer un morceau, espérant récupérer quelque argent en retour…
Un jour, il rencontre chez eux Trilby (Marian Marsh), une jeune femme qui pose pour les artistes. En plus d’être belle, elle a une magnifique voix.

Il tombe, évidemment, amoureux d’elle, mais elle est attirée – normal – par le plus jeune artiste, Billie (Bramwell Fletcher).
Alors Svengali use de son pouvoir : il hypnotise la jeune femme qui devient alors sa créature…

 

Nous sommes à l’aube des années 1930, quand le cinéma s’est lancé dans une grande vague de film d’épouvante, qui a commencé l’année précédente avec le Frankenstein de James Whale. La Warner Bros se devait de produire de ces films. Et c’est Archie Mayo qui adapte le roman de George du Maurier. Mais c’est avant tout John Barrymore qui soutient le film de bout en bout. Il est extraordinaire. Son Svengali, malgré son apparence sémite, est un personnage fascinant. Créé à la fin du XIXème siècle, Svengali est un personnage qui possède certains attributs de l’antisémitisme ambiant en Europe : il est sale, a un long nez et une longue barbe fourchue. De plus, son recours à l’hypnose rappelle la mainmise supposée des Juifs sur le monde. Bref, un personnage trouble, dans un roman aux idées aussi troubles…

 

Mais il y a John Barrymore. Il est un Svengali de prime abord enjoué, et la première séquence avec les peintres pourrait nous faire croire que ce film sera gai. Mais ce serait oublier la scène d’ouverture, où une femme, qui a tout abandonné pour lui, part se jeter à la Seine devant l’indifférence du maestro pour sa condition. Oui, Svengali est un sale type, et dangereux.

 

Et c’est dans l’utilisation de l’hypnose que le film prend tout son sel : le regard intense de Barrymore fait place à des yeux blancs. Et quand il va entrer en contact avec Trilby, la caméra nous fait vivre le cheminement de cet esprit sur la ville, de chez Svengali à chez Trilby: travelling arrière, panoramique, puis travelling avant jusqu’au beau visage de Marianne Marsh. Grandiose !

 

Le tout se concluant sur une fin inhabituelle. Alors que tout est en place pour une fin heureuse, on bascule dans une autre dimension. Svengali en devient presque touchant : cet homme, usé par sa pratique de l’hypnose, vieilli prématurément par les efforts qu’il doit fournir pour dominer sa créature – et Barrymore est encore une fois formidable dans ce jeu-là – meurt (normal, on attendait tous ça depuis un moment), mais surtout, il meurt apaisé.

 

Pourquoi ? Allez voir vous-même.

 

 

 

PS : Et l’espace d’une scène, on voit la mère de Trilby, Rose Dione, qui sera bientôt Madame Tetrallini…

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog