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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #René Clair, #Comédie dramatique

Emile et Louis sont deux amis. Ils fabriquent ensemble des chevaux de bois pour des petits enfants… A la prison.

Mais la prison, ça va bien un moment. Alors nos deux compères décident de s’évader. Mais seul Louis réussit. Il réussit tellement bien, qu’il devient propriétaire d’une grosse firme de disques qui produit aussi des phonographes.

Et Louis ? Après la prison, il flâne. Il jouit de la vie, de chaque petit plaisir que lui procure la nature : un grand champ, des fleurs… Sous le regard sévère des cheminées d’usine.

Mais comme le travail, c’est la liberté, il est envoyé en prison – encore – parce qu’il ne fait rien !

Mais il s’évade et se fait embaucher dans l’usine de Louis.

Et là, cinq ans avant Chaplin, ce sont les temps modernes !

Un magnifique processus de taylorisation, où, dès que quelqu’un rate son coup, c’est la chaîne entière qui est sens dessus dessous.

Et bien entendu, Emile, magnifique rêveur, est la cause des plantages successifs… Surtout quand une jolie femme passe !

Afin d’échapper à ses supérieurs, il court se réfugier… Dans les bras de son ami ! Qui lui-même est bien embarrassé…

Mais peu importe, ils se retrouvent, et tout va bien.

Dans ce film, René Clair a du mal à abandonner le cinéma muet. Il faut dire que le sujet s’y prête. Les deux univers décrits – la prison et l’usine – ne sont pas des lieux réjouissants. Dans chacun, les hommes y sont résignés, tristes, silencieux. Et Clair insiste sur ce point : « le travail, c’est la liberté » fait-il dire à un instituteur très IIIème République. La satire est féroce, mais ça fait moins rire maintenant, après avoir vu la grille d’entrée d’Auschwitz…

Mais ce film est iconoclaste. Le travail – cette liberté – est autant, sinon plus liberticide que la prison. Et quand Louis donne son usine aux ouvriers, ces derniers peuvent enfin se laisser aller (pêche à la ligne, jeu de cartes, bal), pendant que les machines font leur boulot.

Rien de réaliste dans ce film. Seulement du rêve. Alors, ça chante. Tout le monde chante : les détenus, les ouvriers, et bien entendu, le ténor pendant le repas officiel : « Ah lalala Ah lalala mon amour… » Terrible.

Même les décors sont ceux de l’opérette.

Qu’importe. On rêve encore mieux. Et puis Clair nous régale de quelques scènes burlesques savoureuses.

Il est évident que Chaplin a vu ce film, et plusieurs fois. Parce qu’il a repris la situation et a poussé encore plus loin l’absurdité de la situation : alors que nous voyons très bien ce que fabriquent les ouvriers de René Clair, dans l’usine de Chaplin, les gestes répétitifs n’ont rien de constructifs.

Alors évidemment, la fin s’impose à René Clair. Il ne peut y en avoir une autre (je vous laisse la découvrir). Et beaucoup d’entre nous seraient assez tentés par une telle issue.

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