Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Frank Borzage, #Télévision, #Comédie dramatique
A Ticket for Thaddeus (Frank Borzage, 1956)

On frappe à la porte. Thaddeus (Edmond O'Brien) se réveille en sursaut. Ils l'ont retrouvé. Thaddeus est paniqué. Il appelle sa femme, Kathi (Narda Onyx). Elle ne répond pas. Les hommes forcent la porte qui s'éventre dans un bruit terrible. Thaddeus continue de se décomposer.

Les hommes pénètrent dans la chambre. Ils ont tout de noir vêtus. Ce sont des Allemands. Des SS. Ils viennent arrêter Thaddeus pour l'envoyer dans un camp. Thaddeus continue d'appeler sa femme.

Elle le réveille. Ce n'était qu'un (mauvais) rêve. C'est juste un livreur qui s'est trompé de nom.

Thaddeus et Kathi sont deux Américains fraîchement naturalisés (14 novembre 1955, à 14 heures 27 !). Avant, ils vivaient en Pologne, où Thaddeus a réellement été arrêté et envoyé dans un camp de concentration. Il a même une trace de son passage : un tatouage sur le bras.

Mais maintenant, il travaille en Amérique - il est menuisier ébéniste - et restaure des meubles anciens.

Ca, c'est quand tout va bien. Parce que dès qu'un uniforme pointe à l'horizon, Thaddeus perd tous ses moyens : il a peur d'être à nouveau envoyé dans un camp.

Alors quand il reçoit une convocation pour passer au tribunal, il prépare sa va       lise et une dernière lettre pour sa femme.

 

Cette histoire est tirée de la série Le Choix de... (en VO : Screen directors Playhouse) qui proposait des courts-métrages signés par des grands noms du cinéma, interprétés par d'autres grands noms, entre 1955 et 1956, à l'initiative de Hal Roach.

C'est donc ici Frank Borzage qui s'y colle et qui nous propose une histoire très américaine qui parle... D'immigré polonais !

La séquence d'introduction (l'intervention nazie) est très convaincante, et c'est la disposition de la pièce, autant que la voix rassurante de Kathi qui nous explique qu'il s'agissait d'un rêve : nous pouvons admirer les lits séparés !

Dans un souci de préservation des bonnes mœurs, nos amis Américains faisaient dormir un couple marié (même très récemment !) dans deux lits séparés par un bon mètre ! [Katherine Hepburn et Spencer Tracy, réellement mariés dans la vie, avaient droit à un traitement de faveur]

Quoi qu'il en soit, une fois passée cette anomalie, nous assistons à ce qui aurait pu être une injustice : un homme accusé à tort d'avoir embouti une autre voiture. Mais ce qui rend cette histoire singulière, c'est le décalage entre la gravité de l'infraction et l'état d'esprit de Thaddeus. Pour ne plus avoir affaire à la police - et plus généralement aux gens en uniforme - il est capable d'avouer sa culpabilité et régler tout à l'amiable, perdant par là-même toute fierté, voire dignité. Mais les policiers arrivent et ils sont habillés tout en noir.

Heureusement, nous sommes chez Borzage, et notre « héros » va évoluer, et ce en bien.

 

Il s'agit donc d'une œuvre mineure, pour la télévision, le fameux « petit écran ». Et on se demande si ce qualificatif n'a pas influé sur le sujet traité. En effet, rien de grandiose dans cette histoire. Il s'agit d'un « petit » fait divers, avec des « petites » gens (souvent chez Borzage). Mais malgré tout, Borzage transforme cette « petite » histoire en grande (r)évolution pour cet homme poursuivi par ses démons.

 

Comme quoi, il n'y a jamais de « petite » histoire !

 

 

[NB : ce court-métrage est en complément du Bluray Street Angel du même Borzage.]

 

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog