Il s'agit là de la cinquième adaptation au cinéma. C'est aussi la première version parlante.
Et quelle version : un metteur en scène inspiré et une distribution solide pour près de cinq heures d'histoire.
Et quelle histoire : l'ascension de Jean Valjean - forçat en rupture de ban - de la sortie du bagne à sa mort bienheureuse.
Je ne reviendrai pas sur l'histoire, Victor Hugo l'a fait mieux que moi.
Je ne pense pas beaucoup me tromper en parlant de l'une des - voire LA - meilleures adaptations.
Harry Baur est un Jean Valjean tout en subtilité, malgré sa carrure de portefaix. Il incarne à merveille ce repris de justice condamné à faire le bien. Et sa mort - soudaine mais prévisible - m'émeut.
Les deux autres vedettes de cette "superproduction" sont bien entendu les méchants : les deux Thénardiers. Et il faut dire que Charles Dullin, en père escroc est magnifique. Quant à Marguerite Moréno, elle est telle que Hugo l'a décrite dans son livre. Une vraie réussite.
C'est peut-être Javert (Charles Vanel) qui serait le moins réussi. Et encore. Et c'est dommage que le dilemme qui s'offre à lui n'ait pas été un petit peu plus développé. Sa disparition est moins évidente, et surtout, Raymond Bernard a ajouté un dialogue expliquant le plan de l'eau qui se trouble.
Autre personnage mineur truculent, M. Gillenormand, le grand-père de Marius : fêtard, libertin et (surtout) royaliste.
Un bémol toutefois, la troisième partie est la moins fidèle au livre, mais que nous importe : ne boudons pas notre plaisir.
Alors nous fuyons avec Valjean, nous aimons Cosette avec Marius, nous aimerions bien régler son compte à Thénardier et nous vibrons sur les barricades avec Enjolras, Grantair et Gavroche.
Un pur bonheur.