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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Guerre, #Justice, #William Friedkin
L'Enfer du devoir (Rules of Engagement - William Friedkin, 2000)

Tirer sur la foule quand on est militaire n’est pas un acte très apprécié, par la foule tout d’abord et par la hiérarchie ensuite. Mais tirer sur la foule quand on est en pays étranger est encore plus inacceptable. C’est ce qui arrive au colonel Terry Childers (Samuel L. Jackson) alors qu’il protège l’évacuation de l’ambassadeur des Etats-Unis (Ben Kingsley).

Mais quand la foule est armée et qu’il en va de sa propre vie et de celle de ses hommes, il semble que le choix de tirer s’impose.

C’est donc ce qu’a fait Childers : sa hiérarchie l’a alors désavoué et a mis en place une cour martiale pour statuer de son sort.

Childers fait alors appel à son vieil ami Hayes Hodges (Tommy Lee Jones) qu’il a sauvé en 1968, au Vietnam.

 

Encore un film de guerre sur le Vietnam ?

Pas vraiment. Il s’agit d’un film où les militaires sont présents, où le Vietnam a une incidence mais c’est avant tout un film judiciaire qui voit un vieux briscard – Hodges, donc – défendre une cause perdue contre un jeune loup déjà rompu au système – Biggs (Guy Pearce).

Par contre, encore une fois Pearce est du mauvais côté, la préférence allant à ces deux vieux compagnons d’armes qui ont.

C’est d’ailleurs un problème pour moi, qui suis antimilitariste primaire, d'éprouver quelque sympathie pour ces personnages.

Mais nous sommes au cinéma et si l’intrigue prend le parti de la défense (et donc d’un militaire), il ne faut pas oublier que de l’autre côté nous avons aussi des militaires. Le choix devient alors un tantinet plus aisé : de deux maux on choisit le moindre, et donc la défense.

 

La défense parce que en face, on assiste à une manipulation inique devant amener la condamnation de Childers : nous – les spectateurs qui ont (presque) tout vu - avons accès aux rouages de ce système et surtout aux exactions due Bill Sokal (Bruce Greenwood) directeur de la NSA (1) qui fait tout pour enfoncer Childers. Parce qu’il s’agit avant tout pour d’une opération de communication : que Childers soit ou non coupable lui importe peu, les Etats-Unis en tant que nation devant rester innocents aux yeux du monde.

C’st bien sûr cet aspect diplomatique qui nous fait définitivement basculer du côté de Childers et Hodges, les pressions exercées par Sokal devenant inadmissibles.

 

Ce film fut, à sa sortie, décrit comme raciste par le American-Arab Anti-Discrimination Committee (2), du fait de la présentation peu avantageuse des Yéménites.

Et cette objection peut nous sembler aujourd’hui fort étonnante, mais il ne faut pas oublier qu’un an et demi plus tard (environ) eut lieu le 11 septembre 2001, qui donna alors au film un caractère actuel : ce rejet des Américains s’étant déjà exprimé à différents endroits du globe surtout depuis la révolution  islamiste iranienne se transformant alors en agression caractérisée, de la même façon que les événements décrits ici.

 

Reste alors un film qui oscille entre le thème de la guerre – ce terrorisme qui s’est muté en guerre urbaine – et le judiciaire, amenant une position difficilement tenable des points de vue national et international : acquitter Childers c’est accepter qu’il ait ouvert feu sur une foule semble-t-il désarmée ; le condamner c’est accepter que d’autres événements similaires aient lieu, légitimant cette manifestation officiellement « pacifique » mais qui ne l’était pas vraiment comme nous pouvons le voir au début du film.

 

Alors, coupable ou non ?

Réponse dans le film.

 

  1. National Security Agency : agence nationale de sécurité (comité de surveillance serait plus juste).
  2. Comité Américano-arabe Anti-Discrimination.
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