Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Darren Aronofsky
The Whale (Darren Aronofsky, 2022)

Attention, cet article a tendance à révéler quelques éléments-clés de l’intrigue…

 

La baleine du titre, c’est Charlie (Brendan Fraser). Il est, comme son surnom l’indique, énorme. Il dispense des cours d’expression écrite par internet pour des étudiants qui ne connaissent que sa voix.

Seulement voilà, Charlie est arrivé à une impasse : il lui reste une semaine à vivre. C’est peu pour rattraper une vie et gagner son salut, surtout quand on a abandonné sa famille – sa femme Mary (Samantha Morton) et surtout sa fille Ellie (Sadie Sink) – pour un de ses étudiants, qui est mort depuis : c’est suite à cette perte que les choses se sont emballées et que Charlie est devenu ainsi.

 

Décidément, 2023 (en France, le film est sorti le 8 mars !) aura été riche en films de qualité. Parce que ce dernier film de Darren Aronofsky est absolument fabuleux. Certes, le maquillage (avec les prothèses) de Judy Chin et son équipe fait beaucoup pour l’aspect spectaculaire, mais l’arrivée du numérique dans les années 1990 nous rappelle que les images ne suffisent pas. Et l’interprétation de Brendan Fraser est tout bonnement phénoménale, aussi impressionnante que son apparence. Il est époustouflant de justesse, interprétant un homme fini, plus ou moins malgré lui, mais conserve par-dessus tout un optimisme que certaine juge horripilant. Sa seule quête, c’est la vérité, l’honnêteté. C’est cela qui le fait survivre et rien d’autre, plaçant au-dessus de tout un texte d’une authenticité absolue (pour lui), pour des raisons que le spectateur mettra du temps à comprendre (1).

 

Et encore une fois, si l’interprétation de Brendan Fraser est extraordinaire, c’est aussi parce qu’il est entouré d’interprètes à la hauteur. Hong Chau (Liz), tout d’abord, qui est le véritable lien entre tous les personnages, présents ou passés, amie fidèle qui se désole de voir cet homme condamné. Mais c’est surtout les rapports (affrontements) entre Charlie et Ellie qui donnent au film sa dimension. Ces deux protagonistes ne peuvent pas être plus dissemblables et pourtant ils sont pareils, et ne pouvaient que se retrouver ensemble, inéluctablement. Ce sont à chaque fois des moments forts où affleure l’amour : celui d’une fille pour un père qu’elle a perdu, celui d’un père pour une fille qu’il a abandonné.

Entre eux deux se tient la mère, l’ex-femme. Et là encore, nous assistons à une belle performance parce que les deux autres membres de cette famille singulière prenant tellement de place, il était difficile de trouver la sienne. Et Samantha Morton y arrive pleinement, nous offrant en même temps lune des plus belles séquences du film, quand elle écoute la respiration « sifflante » de Charlie. Il reste encore un tout petit bout d’amour entre eux, qu’ils le veuillent ou non. La preuve : Ellie.

 

Et comme nous sommes dans le cinéma américain, pas besoin de chercher bien loin l’inévitable rédemption : elle baigne la vie de Charlie qui, sachant qu’il va mourir, ne recherche pas un quelconque salut religieux – comme le lui propose Thomas (Ty Simpkins, impeccable lui aussi) – mais cette rédemption universelle qui veut qu’une vie n’aura pas servi à rien. Et vous imaginez bien que ce sera& le cas, mais de quelle façon !

C’est un autre grand moment du film qui voit Charlie obtenir in fine ce salut tant espéré, salut qui passe aussi par quelque chose que va (enfin) prononcer Ellie et que nous attendons depuis longtemps.

Et cette séquence est admirablement amenée par Aronofsky et son équipe : la pluie a cessé et Ellie va lire le texte qui fait tant de bien à celui qui est – malgré tout – son père. Et Matthew Libatique filme en contre-jour afin de donner à cet instant – de grâce – une dimension ésotérique voire angélique. C’est une nouvelle Annonciation : Ellie (par la force des choses) devient l’ange annonciateur de la mort de Charlie, et comme l’Annonciation précédente (2), c’est aussi un moment de bonheur.

 

Un film inoubliable.

 

  1. C’est voulu. Je n’en dirai pas plus.
  2. Luc 1 : 26-38
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog