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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Michael Powell, #Emeric PressBurger
A Canterbury Tale (Michael Powell - Emeric Pressburger, 1944)

Chillingbourne (Kent), vendredi soir, avant minuit.

Alison Smith (Sheila Sim), Peter Gibbs (Dennis Price) et Bob Johnson (John Sweet) se rencontrent sur le quai de la gare. Elle vient travailler dans une ferme, ils sont soldats.

C’est la guerre.

 

Le titre le laissait supposer, Powell et Pressburger l’ont fait : le film s’ouvre sur les pèlerins de Chaucer qui se rendent à Canterbury. Mais ils sont rapidement remplacés grâce à une magnifique ellipse par une autre sorte de pèlerins : les usagers du train qui s’y rendent. Ou plutôt qui voudraient s’y rendre, dans le cas de Bob Johnson qui n’a pas bien compris l’annonce du chef de gare.

Mais finalement, cette erreur est l’instrument du Destin. Car cette rencontre inopinée devient pour eux le début d’une aventure étrange qui les mènera malgré tout à Canterbury où ils se révèleront.

 

Il y a dans cette histoire, ce conte, une structure très classique où les trois personnages vont évoluer pour arriver à la transfiguration finale inévitable. Leur route est peuplée d’adjuvants (les enfants) comme d’opposants (Thomas Colpeper – Eric Portman dans un certain sens). Mais il y aura résolution heureuse.

Et finalement, le dernier protagoniste de cette histoire reste la cathédrale, lieu de rencontre où tous finissent et où les destins s’accomplissent.

La dimension mystique du lieu tourne presque à l’obsession – celle de Colpeper qui croit aux miracles, par exemple – et dès que possible, la cathédrale est placée dans le champ de la caméra.

Lointaine tout d’abord, puis de plus en plus proche, elle est la quête à atteindre, cette quête redevenant symbolique pour ces personnages du XXème siècle – siècle de raison et de guerre – montrant à tous que les anciennes traditions ont finalement du bon : finalement, peut-être que Colpeper a raison de croire aux miracles.

 

Parce que dans le champ de la caméra et hors champ, il y a la guerre. Les soldats – l’un américain, l’autre anglais – sont alliés. Alliés dans le conflit et dans leur traque de ce drôle de criminel qui choisit des jeunes femmes pour leur réserver un méchant tour.

Cette guerre est omniprésente, même dans Chillingbourne, qui semble un havre de paix, loin de Londres. Pourtant, à quoi jouent les enfants ? A la guerre, évidemment. Et cette guerre, si elle n’est qu’un jeu pour eux, ne l’est finalement pas. La scène de bataille comporte des canons qui dégueulent leur explosif, des épées, des pistolets en bois, des fusils à baïonnette… Et même un enfant – le plus petit – qui pleure devant cette violence.

Mais la guerre qui semble si lointaine aux yeux des adultes donne toute sa mesure quand Alison déambule dans Canterbury : là où s’élevaient des maisons, on ne voit plus que des trous, des ruines et des pancartes indiquant où on peut trouver maintenant les commerces détruits*.

 

Mais malgré ces malheurs, le film donne un espoir aux spectateurs. Finalement, tout se terminera bien. Et pourtant, quand le film est montré pour la première fois (11 mai 1944), le second front n’est pas encore ouvert.

Powell et Pressburger nous propose bien un conte, et sa résolution est un beau message d’espoir pour les spectateurs, qui sera renforcé lors de la sortie le21 août : les Alliés seront aux portes de Paris.

 

 

* 135 raids aériens
 

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