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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Chronique, #Biopic, #Kenneth Branagh
Belfast (Kenneth Branagh, 2021)

« Billy Elliott version irlandaise. »

Ce n’est pas de moi, mais du JDD. Comme quoi, on peut ne pas toujours être d’accord avec ce journal. (1)

Parce que Billy Elliott, c’est avant tout la passion pour la danse d’un jeune garçon, sur toile de fond des grèves de 1984 en Angleterre. Ici, pas de grève, mais une situation autrement plus explosive : la guerre civile qui déchire catholiques et protestants en Irlande du Nord, en particulier à Belfast.

Le seul point commun entre ces deux films, c’est surtout le point de vue pris par le réalisateur : celui d’un enfant (2).

 

Buddy (Jude Hill) serait un petit garçon comme beaucoup d’autres s’il n’habitait pas Belfast, ville tiraillée par un conflit religieux qui n’en finit pas de durer. IL habite une maison de briques rouges, va à l’école du quartier, et joue avec les enfants du voisinage, loin des préoccupations des adultes. Mais pas longtemps : le conflit va gagner sa rue, où catholiques et protestants cohabitaient sans problème. Ca commence par un cocktail Molotov et ça se poursuit par des vitres brisées, avec en prime une voiture qui explose.

Résultat : une rue barricadée avec contrôle des allers et venues des gens.

Et des enfants qui continuent de jouer dans cette rue…

 

C’est beau. C’est même très beau et le choix délibéré du noir et blanc explique à lui tout seul cette beauté. On se croirait dans une exposition de photographie où chaque élément pris à ce conflit est une victoire : jamais les éléments violents ne sont mis en valeur comme le sont tous les autres, qui font de Belfast.

Il est clair que le travail de Haris Zambarloukos, le chef-opérateur est magnifique. Chaque plan est une véritable carte postale de ces lieux (recréés) qui est gagnée par la violence. Cette violence que les adultes vivent pleinement – sauf le père (Jamie Dornan) qui travaille de l’autre côté de l’eau – n’intervient toutefois pas souvent : l’émeute du début, un coup de poing bien senti, et le pillage du supermarché (une supérette, si vous voulez mon avis) sont les seuls éléments qui nous sont montrés.

 

Normal, c’est avant tout un enfant qui nous fait part de ce qu’il voit, de ce qu’il entend, de ce qu’il ressent. Et Branagh multiplie les points de vue différents de ceux des adultes, restant souvent à hauteur de Buddy, embarqué malgré lui dans ce conflit, sans toutefois en comprendre les enjeux : ce sont des histoires de grands, avant tout. Ses préoccupations sont très différentes, mais pas pour autant futiles : l’amour – à travers Catherine (Olive Tennant), la première de la classe ; la famille avec sa relation avec  ses grands-parents – son grand-père (Ciarán Hinds) surtout – et celle entre ses parents ; la religion à travers (un petit peu) le conflit mais par-dessus tout les diatribes du pasteur du coin (Turlough Convery) et les échanges avec les enfants catholiques (avec qui il joue). Des histoires d’enfants. Des histoires sérieuses, donc.

 

Et comme toujours dans les histoires d’enfant, il y a la magie. Et cette magie se distingue du reste du film de façon éclatante : la couleur. Ce sont des extraits de films qu’il va voir au cinéma, mais aussi une adaptation théâtrale du Christmas Carroll de Dickens. Ces rares éléments contrebalancent totalement le noir et blanc rigoureux qui baigne tout le film, donnant une vision de la vie bien grise.

Et cette vision colorée est d’autant plus importante que Branagh ouvre son film avec : une visite singulière de cette ville pourtant bien grise, avec un mélange de ce que fut Belfast et de ce qu’elle est aujourd’hui (en 2021, quand sort le film). Doit-on voir dans cette couleur d’ouverture une forme d’atténuation de ce qui va suivre ? Certes, ce passé est bien sombre, mais le présent – et pourquoi pas l’avenir – lui, est éclatant.

 

  1. Ne le lisant pas, je peux difficilement être d’accord avec.
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