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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Alan Parker, #Gangsters
Bugsy Malone (Alan Parker, 1976)

Ca commence comme n’importe quel bon film de gangsters. C’est normal, c’en est un. La voix de Fat Sam (John Cassisi) nous guide dans une allée sombre où Roxy Robinson (John Williams) est coincé par les tueurs de la bande de Dandy Dan (Martin Lev).

Lui Fat Sam est un chef de gang qui prospère, faisant de l’ombre aux trafics de Dandy Dan, d’où cette exécution.

La caméra fait alors un arrêt sur image, montrant le visage de Roxy touché par un projectile : un petit suisse !

 

Pas de sang dans ce film : normal, ce sont des enfants qui jouent du début à la fin. Les seules incursions des adultes dans le film – outre l’équipe d’Alan Parker – se cantonnent à interpréter les différentes chansons qui rythment le film de bout en bout.

Nous assistons alors à un véritable film de gangsters où la concurrence pour dominer le marché de l’East Side (New York ? Qu’importe !) fait rage : poursuites en voitures, bagarres et fusillades émaillent le film, remplaçant les morts violentes – et normalement sanglantes par les projectiles susnommés quand ce ne sont pas des tartes à la crème. Mais le problème de la tarte à la crème, c’est que ce n’est pas assez efficace, alors Dandy Dan, avec ses mitraillettes chargées de petits suisses est rapidement en position de force, décimant voire annihilant le gang de Fat Sam.

Et c’est quand Fat Sam est tout seul qu’il se tourne vers l’homme de la situation : Bugsy Malone (Scott Baio, qu'on retrouvera dans la série Happy Days !).

 

Bugsy Malone, c’est le type cool par excellence, toujours prêt à rendre service, et surtout toujours à la limite de la légalité (le plus souvent en dehors, cela va sans dire). Il est débrouillard et plaît aux filles. Bref, c’est le vrai gentil du film. Comme les deux chefs de clans, il adopte les attitudes du type qui vit de ci et de ça, irrésistible auprès des filles et toujours retombant sur ses pieds. La classe, quoi !

 

Le film est un véritable régal, un de ces films intelligents et réjouissants où le metteur en scène transforme un coup d’essai en coup de maître (il y en a d’autres !) : avec Bugsy Malone, son tout premier long métrage, Alan Parker nous montre un savoir-faire qui lui permet de jongler sans cesse entre la comédie musicale, le film de gangsters et la parodie, le tout à égale proportion.

On se croirait dans un de ces films pré-code Hays, où la violence était monnaie courante (1) tant le propos du film, malgré l’usage d’un subterfuge hérité du burlesque (2), est tout de même noir : une bonne dizaine de gangsters mordent la poussière.


De plus, les deux « parrains » adversaires à la vie à la mort se comportent comme n’importe quel truand de cette époque : d’un côté on a Fat Sam qui est italien, parle fort et pimentent son discours d’expressions pas toujours compréhensives pour son bras droit Knuckles (Sheridan Earl Russell), qui avoue ne rien comprendre puisqu’il est juif. [Je vous laisse (re) découvrir la réplique de Fat Sam à ce propos.]

De l’autre côté, Dandy dan est un homme du monde, extrêmement riche marié à une femme qui a tendance à s’ennuyer : les affaires de son mari lui privant sa présence. Son occupation préférée rappelle Susan Alexander : clin d’œil à Citizen Kane, un autre premier film, coup d’essai devenu magistral. En plus d’un port royal, Dan est affublée d’une fine moustache, digne des plus grands méchants d’Hollywood de l’époque. Bref, nous sommes en pleins stéréotypes, absolument jubilatoires.

 

Pourtant, si on y regarde bien, un malaise commence à se dessiner quand on entre dans le vif du sujet : ces enfants  ont entre 10 et 17 ans (environ) et adoptent des attitudes d’adultes. Si Fat Sam est un personnage truculent et sympathique, les numéros des jeunes filles peuvent être dérangeants (3). La question se pose alors : jusqu’où peut-on aller dans ce genre de parodie sans être qualifié de ceci ou cela ?

Pour ma part, je prends le film comme une brillante parodie, une espèce de jeu d’enfants : que l’on joue sérieusement ou non – et surtout, dans ce cas-là sérieusement – à un moment le jeu se termine et tout le monde se relève, heureux d’avoir participé à une telle aventure.

 

Et la séquence finale, à ce propos, ne fait aucun doute.

 

 

PS : la plupart des acteurs-enfants est retourné à l’anonymat, certains continuant quelques années, et les plus chanceux d’entre eux tiennent encore l’affiche. C’est le cas de Dexter Fletcher (Baby Face) et surtout de la véritable révélation de l’année 1976 : Jodie Foster (Tallulah).

 

PPS : je trouve au merveilleux Cotton Club de Coppola une parenté avec le film de Parker, le ton parodique en moins. On y trouve une alternance entre des scènes d’actions et des numéros chantés ou/et dansés. Coppola restant tout le long du film dans un ton réaliste et véritablement adulte.

 

  1. Scarface, Little Caesar et Public Enemy pour ne citer qu’eux…
  2. Ca tombe bien, le film se déroule pendant la Prohibition, Fat Sam dirigeant un speakeasy.
  3. Sans compter le malaise – obligatoire – quand il s’est agi de se prendre dans les bras : ce fut très difficile pour Florrie Dugger (Blousey Brown) d’enlacer Scott Baio.
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