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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Comédie, #Pierre Chenal
Clochemerle (Pierre Chenal, 1948)

Clochemerle est une petite ville (fictive) du Beaujolais où, bien entendu, on produit de ce nectar que d’aucun boivent et d’autres pissent pour paraphraser Pierre Desproges. C’est d’ailleurs à propos de ces derniers que se situe l’intrigue : le maire Piéchut (Jean Brochart) a décidé, avec l’instituteur Tafardel (Roland Armontel), l’installation d’un urinoir public dans le village.

Si cet édifice est considéré comme un progrès pour les républicains de la commune, il n’en va pas de même des réactionnaires, emmenés par mademoiselle Putet (Maximilienne) – « une vraie jeune fille » – qui voient en cette vespasienne un outrage aux bonnes mœurs.

Et cette histoire ridicule d’édicule va tout de même monter jusqu’au sommet de l’Etat…

 

On a connu Pierre Chenal plus sérieux dans les films d’avant-guerre et c’est une bonne surprise que de le voir diriger cette comédie truculente un tantinet intemporelle où les débats auraient tendance à rester au-dessous de la ceinture… Et pas seulement pour cause de besoin naturel.

Parce que Clochemerle, c’est aussi le retour du débat passionné entre les supporteurs de la République – laïque cela va de soi – et ceux de l’Eglise, comme au temps les plus forts de ceux de la loi de Séparation de 1905.

 

Mais Clochemerle, c’est avant tout un microcosme formé de nombreux personnages hauts en couleur au milieu desquels survit le curé Ponosse (Félix Oudart), bien obligé de suivre la frange acharnée de ses partisans – et surtout les mères-la-vertu – lui qui n’aspire qu’à la tranquillité et des verres de beaujolais (voir plus haut).

Bien sûr, ça ne vole pas bien haut, tous ces débats autour d’une pissotière, mais c’est parce que les personnages sont attachants et préfigurent à leur manière un microcosme proche de celui de films plus ou moins inspirés par Marcel Pagnol.

Outre les vieilles filles effarouchées, on trouve de tout parmi les Clochemerlins : le patron de café (Max Dalban) – solide gaillard – qui mène les radicaux et les choie dans son estaminet ; l’instituteur à la mauvaise haleine ; un poète (Jean-Roger Caussimon) ; et l’indispensable cocu (Paul Demange). Et en prime, la gloire politique locale, Alexandre Bourdillat (Saturnin Fabre), qui fut ministre un temps.

 

Et les femmes dans tout ça ? Outre les dames patronnesses déjà citées, on trouve quelques femmes peu présentées sous un jour avantageux. En effet, outre la baronne de Courtebiche (Jane Marken), les quelques unes mises en lumière sont toutes peu recommandables d’un point de vue moral : entre Rose (Jacqueline Dor), la « fille de Marie » qui rejoint son galant permissionnaire Claudius (Jack Gauthier) et qui célèbre Pâques avant les Rameaux avec ce dernier, Judith Toumignon (Simone Michels), la femme du cocu qui passe d’un galant à l’autre, et la femme du cafetier (Christiane « Cri-Cri » Muller) qui se laisse caresser la rotondité – et plus si affinité – quand elle fait le service, sans oublier les lavandières qui voient d’un très bon œil l’arrivée de la troupe et surtout ses beaux militaires…

Bref, ce n’est pas bien reluisant tout ça…

 

Mais nous sommes en 1948, et le besoin de se remettre des années de guerre va au-delà des polémiques. L’objectif est le même que celui de Gabriel Chevallier, l’écrivain de Clochermerle qui a travaillé de près à cette adaptation et y est en outre le narrateur : faire rire. Bien sûr, ça a marché et certaines situations fonctionnent encore très bien. Mais, et c’est là qu’est le talent de ce même Chevallier, par l’intermédiaire de Chenal, ce débat a priori insignifiant a des échos actuels quand on entend certaines personnes s’insurger contre la mise en place d’urinoirs pour femme dans les villes plus ou moins grandes (n’est-ce pas mesdames ?) ou encore une quelconque amélioration urbaine de la condition féminine comme la distribution des protections féminines gratuites qui fait toujours couler beaucoup d’encre et n’a que très peu d’effet…

 

PS : Une telle intrigue ne pouvait amener qu’une affiche signée Dubout…

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