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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Politique, #Biopic, #Uli Edel
La Bande à Baader (Der Baader Meihof Komplex - Uli Edel, 2008)

18 octobre 1977.

Andreas Baader (Moritz Bleibtreu), Gudrun Ensslin (Johanna Wokalek), Jan-Carl Raspe (Niels Bruno Schmidt) sont retrouvés morts dans leur cellule de la prison de Stammheim. Irmgard Möller (Annika Kuèhl) quant à elle, baigne dans son sang : elle a raté son suicide. Un peu avant (le 9 mai 1976), c’était Ulrike Meinhof (Martina Gedeck) qui avait mis fin à sa vie dans cette même prison.

C’en est terminé de la « Bande à Baader »comme l’ont surnommée les médias. Mais la Fraction Armée Rouge (Rote Armee Fraktion) va continuer pendant encore une vingtaine d’années avant de s’auto-dissoudre le 20 avril 1998.

 

Percutant.

Avec ce film très spectaculaire, Uli Edel nous démontre que le cinéma allemand n’a rien à envier aux Américains quand il s’agit de se tourner vers son passé récent douloureux. Comme nombre de pays en 1967, la RFA est engoncée dans ce monde ancien qui sera balayé l’année suivante. Et la visite du Shah à Berlin est le déclencheur qui va amener des jeunes gens révoltés par les pratiques d’un autre âge d’un gouvernement qui n’a pas su évoluer avec son peuple. Et entre nous, l’attitude passive puis très active de la police berlinoise n’a rien à envier à celle qui sévira à Paris l’année suivante. Ni à celle qu’on peut voir de temps en temps de nos jours, et pas seulement à Paris.

 

Mais la violence n’est pas seulement policière puisque Baader et sa bande vont en faire un usage exclusif jusqu’à l’arrestation totale des membres de cette première génération. Oui, on peut parler de terrorisme et certainement pas d’actes de déséquilibrés. Certes, Baader n’est pas présenté comme un héros romantique, et ses positions ne sont pas toujours très progressistes. Et l’autre atout de ce film est de ne pas réduire ce groupuscule à la seule figure de cet homme. Le titre original Der Baader Meinhof Komplex nous rappelle qu’il y avait des femmes (très) engagées dans cette aventure meurtrière. La personnalité d’Ulrike Meinhof est centrale pendant la plus grande partie du film, et c’est même elle qui l’ouvre, en famille au bord de la mer.  Nous allons alors assister à la destruction de ce schéma familial traditionnel, motivée par un engagement politique des plus radicaux dont la seule issue possible est bien entendu la mort. Ulrike, en s’engageant dans cette lutte ne fait rien d’autre que suivre les autres jeunes gens de cette époque qui rejettent cette société traditionnelle (et sclérosée) qui leur est proposée. Bien sûr, son engagement est extrémiste, tout comme les positions défendues par ce « complexe ».

 

Face à cette organisation terroriste, Uli Edel met en place une (très) petite cellule de lutte (qui va s’étoffer avec le temps menée par Horst Herold (Bruno Ganz). Cette organisation composée de représentants de cette ancienne conception réactionnaire du monde va réussir à neutraliser ces figures légendaires. Et Bruno Ganz est encore une fois remarquable dans le rôle de cet homme qui cherche à comprendre les motivations de ces jeunes gens. Il est d’ailleurs bien seul dans cette quête de sens : certains vont même jusqu’à penser qu’il justifie les actions des terroristes !

 

Bref, un film indispensable pour essayer de comprendre la situation de l’Allemagne des années 1970. Un nouveau paradoxe dans ce pays qui a vu dans le même temps une politique de Détente (die Spannung) chère à Willy Brandt à un niveau international alors que la situation intérieure se cristallisait.

Et si la violence tient une place importante, elle n’est qu’un reflet de ce qu’il se passait réellement à cette période. Et la force du film d’Edel est la façon de mixer adroitement les images d’archives à son film, rappelant que même si nous sommes au cinéma, c’est avant tout réalité qui nous est montrée.

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