Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Frank Capra
New York - Miami (It happened one Night - Frank Capra, 1934)

Vingt-septième minute du film : Peter Warne (Clark Gable) retire sa chemise. Il n’a pas de maillot de corps.

Dès cet instant, les fabricants de sous-vêtements pour hommes vont voir leurs chiffres d’affaire s’effondrer. Certains vont même essayer de poursuivre les studios Columbia. Tout ça parce que l’enlever prenait trop de temps par rapport à ses répliques…

Mais ça, c’était avant. Au temps où le cinéma était un loisir rare et cher, au temps où les passagers d’un bus fumaient le cigare, alors que les spectateurs des salles obscures se contentaient de simples cigarettes…

Bref, c’était avant.

 

Je passerai vite sur la traduction du titre original – It happened one night (Ca s’est passé une nuit*…) – sans relever l’indigence de la traduction, en vous soumettant tout de même une question : la traducteur a-t-il vu le film ou au moins lu le résumé de l’intrigue ?

Car si l’action se situe entre New York et Miami, le voyage entrepris commence bel et bien à Miami.

C’est dans cette ville que la belle héritière Ellen Andrews (Claudette Colbert), suffisante comme seule sait l’être une jeune héritière, a quitté son père (Walter Connolly, un habitué des films de Capra) pour s’en aller rejoindre celui qu’elle a épousé en cachette : Westley King (Jameson Thomas), un coureur de dot qui a pour autre talent de piloter des engins volants…
Elle se retrouve dans un car – conduit par Ward Bond – en même temps que Peter Warne, journaliste en rupture de ban avec son patron (en clair : ce dernier l’a viré), et doit partager la même banquette.

 

C’est un road movie où deux personnages très différents – une jeune aristocrate suffisante et un journaliste border line assez suffisant lui aussi – vont finir ensemble, quoi qu’il se passe.

Mais c’est justement le comment de cette fin heureuse annoncée qui est magnifiquement filmé par Capra. Tous les deux ont des caractères forts, mais malgré tout, ils ne pourront que difficilement se passer l’un de l’autre.

Et surtout, c’est la nuit que se passent les péripéties les plus importantes (d’où le titre original !) :

  • c’est la première nuit qu’elle s’endort contre lui, se réveillant presque dans ses bras ;
  • c’est la nuit qu’ils prennent la tangente pour échapper aux recherches de la jeune femme par son père inquiet ;
  • c’est la première nuit qu’ils passent ensemble dans un bungalow qui amène le Mur de Jéricho
  • c’est enfin la dernière nuit que ce mur s’effondre, au son de la trompette (cf. Livre de Josué, chapitre 6).

Cette dernière nuit fit d’ailleurs couler beaucoup d’encre, surtout chez les bigots, et amène peut-être la réponse sur cette fameuse nuit où quelque chose s’est passé…

 

Le reste, c’est du pur Capra. On retrouve une communauté qui prend du bon temps ensemble : à tour de rôle les voyageurs chantent les couplets de la chanson à succès de cette année-là, The Man with the flying trapeze (que les amateurs de Spike Jones connaissent bien), avant de reprendre tous en chœur le refrain. On retrouve aussi la distance entre les deux personnages, du fait des convenances, distance qu’on retrouve dans La Vie est belle entre Peter Bailey et Mary Hatch. Avec en plus, une véritable séparation (le Mur de Jéricho).


Et puis il y a le duo vedette Colbert-Gable. Alors que le tournage fut plutôt exécrable et que Claudette fut heureuse d’en finir, à aucun moment on ne sent une quelconque tension. C’est un duo qui fonctionne magnifiquement d’un bout à l’autre, avec en point d’orgue la scène dans le bungalow à l’arrivée des détectives.

 

Petit détail enfin : Ellen, abandonnée (le croit-elle) par Peter est chassée du motel et se rend à la police pour appeler son père. Quand ce dernier vient la chercher, la presse est là pour immortalisé ce grand moment de romance : elle va retrouver son mari, qu’elle a épousé contre l’avis paternel). Mais si cette histoire semble connaître une fin heureuse, le visage contrit de Claudette Colbert nous fait penser à une criminelle quittant le poste de police pour aller en prison… Mais n’est-ce pas le cas ?

 

Et, encore une fois, le film terminé, les spectateurs s’en vont avec un sourire**…

Ca valait bien 5 Oscars…

 

 

 

* « Quelle nuit ? » ou « Quelle nuit ! » ?

 

** N’oublions pas tout de même l’irruption de la réalité de l’Amérique des années 1930 et les ravages de la crise auprès des petites gens : une mère, qui effectue ce voyage (de la dernière chance ?) avec son fils, s’évanouit, n’ayant plus d’argent pour pouvoir acheter de quoi  manger…


 

 

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog